Une partie de campagne

Théâtre / Soir de fête au château. Ce soir, les domestiques se joignent à la célébration, mais tout le monde n’a d’yeux que pour Mademoiselle Julie, post-ado portant son aristocratie comme un fardeau, qui se livre à un jeu de séduction dangereux avec l’un de ses serviteurs. De retour sur les planches de l’Hexagone après son adaptation du Belvédère d’Odön Von Orvath, Jacques Vincey s’attaque à un autre grand texte délicat, Mademoiselle Julie d’August Strindberg. Délicat puisque du propre aveu du metteur en scène, beaucoup d’éléments ne sont plus aussi pertinents (et immédiatement appréhendables) qu’à l’époque de son écriture : les normes hiérarchiques dans la haute société, les rapports hommes femmes ou dominé dominant, les règles régissant les rapports amoureux… Le décalage ne naissant pas vraiment de la désuétude de ces rapports mais plutôt des réactions tacites qu’elles impliquent. Homme de défi, Jacques Vincey a souhaité s’atteler à ce texte (après retraduction) justement pour la difficulté qu’il représentait à ses yeux. Sur ce plan, force est d’admettre que le metteur en scène touche au but : le premier acte nous dévoile une scénographie (un cube surélevé flanqué d’éléments de décor amovibles) aux possibilités fécondes, et un trio d’acteurs d’une justesse confondante. La langue de Strindberg se fait espiègle, les jeux amoureux mutins tout en laissant planer le spectre d’instants futurs payant le prix de cette frivolité. C’est précisément lorsque la pièce change de tonalité, une fois l’irréparable commis, l’artifice scénique soulignant la rupture séduit encore, et les deux comédiens parviennent à instaurer le malaise imprégnant la plume de Strindberg, jusqu’au dernier acte, fatal à tous les niveaux. Les ultimes confrontations finissent par lasser, par perdre le spectateur dans les méandres d’une scéno brusquement trop petite, mais dont l’étouffement ne procure pas vraiment l’effet escompté. FCMademoiselle JulieLes 28 et 29 novembre à 20h, à L’Hexagone (Meylan)

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