L'Ensemble Relecture et Création et son chef Carlos Molina n'ont qu'une obsession : faire sonner des œuvres anciennes, baroques ou classiques comme si elles avaient été écrites hier matin. Il ne s'agit pas là d'une de ces transpositions insipides et mièvres qui n'apportent rien à l'œuvre originale. Il est question d'un travail de dépoussiérage, de réappropriation, de mise en lumière, de mise à l'écoute qui révèlent l'œuvre initiale comme si elle nous était contemporaine.
L'instrumentarium choisi étonne au début, déconcerte parce que la pâte sonore a l'air de sortir de nulle part : l'accordéon mêlé au vibraphone donne des accents très contemporains tandis que le dialogue du quatuor à cordes et du clavecin fait un clin d'œil appuyé à l'époque baroque, les cuivres et les bois surprennent à leur tour par une écriture rythmique que seul Carlos Molina est capable d'imaginer...
Tout ce petit monde en marche pour faire redécouvrir des œuvres puissamment inscrites dans l'inconscient collectif, comme ici, rien moins que le très célèbre Gloria de Vivaldi. Une œuvre brillante, religieuse par son texte, presque opératique par ses phrasés, d'un lyrisme rare. La musique du prêtre roux, reconnaissable entre mille, est instinctive, jouissive, débordante de swing et de vie. Une œuvre en contrastes saisissants, en ritournelles qui collent aux oreilles de façon certaine et durable, d'une liberté et d'une inspiration excessives. Face aux textes sacrés, Vivaldi n'a jamais eu de complexe, il est resté libre de ses mouvements. Le Gloria est à l'origine une louange, Carlos Molina va le magnifier.
Pascale Clavel
Gloria
à l'abbaye d'Ainay, samedi 24 et dimanche 25 novembre