Comme de coutume, l'URDLA (Centre international de l'estampe) présente les œuvres créées sur ses presses au cours de l'année écoulée. L'accrochage thématique est à l'image de la diversité des artistes reçus par le centre d'art : on y passe des «partitions» en trois dimensions du musicien free-jazz Rob Mazurek aux étranges espaces à la M.C. Escher de Jean Criton ou au work in progress assez fou de Marie Lepetit (pointant des intersections entre des lignes de plus en plus nombreuses, avec pour aboutissement éventuel un monochrome noir). On redécouvrira aussi des œuvres fortes signées par des artistes dont nous vous avons parlé dans ces colonnes : Damien Deroubaix, Eric Corne, Myriam Mechita et Patrice Vermeille.
Par ailleurs, l'exposition met en avant le graveur d'origine britannique Paul Hickin (né en 1941), qui travaille au burin, une technique rare et difficile. Ses séries de petit format explorent un thème simple (la déshumanisation due aux guerres) à travers des formes subtiles : des tranchées représentées en coupe où, entre les traits gravés, se deviennent des corps en décomposition ; un passage progressif, de gravure en gravure, de figures humaines à de simples lignes horizontales.
Dans un registre tout aussi sombre et tragique, on pourra découvrir enfin quelques lithographies de Youcef Korichi (né en 1974 en Algérie) où l'ombre gangrène des visages et corps esseulés. Un artiste à suivre, d'autant que son œuvre peinte (un catalogue est consultable à l'URDLA) ne manque elle non plus pas de force, représentant avec beaucoup de réalisme des états d'abandon, de solitude et des zones déshumanisées.
Jean-Emmanuel Denave
Cruel sporting
A l'URDLA, jusqu'au vendredi 28 février
