Wu xia / Un film de Tsui Hark (Chi, 2h15), avec Mark Chao, Carina Lau, Gengxin Lin...
Mécontente que l'empereur ait confié une épée sacrée à Dee, l'impératrice charge une équipe de guerriers-magiciens de la lui subtiliser. Si leurs tentatives échouent, ils prennent un ascendant à la cour, au moment où s'abat sur le trône une menace conjuguant vengeance et sorcellerie...
3D, feux d'artifices, explosions, chatoiements d'étoffes, harmonies colorées, chorégraphies de haut vol... C'est à un flamboiement harkesque qu'il faut s'attendre. D'aucuns diront que c'était prévisible, mais il est toujours rassurant de voir ses attentes concrétisées, voire dépassées. Avec Détective Dee, Tsui Hark a trouvé un successeur de poids au Dr Wong pour ses sagas puisant dans l'histoire chinoise, et recarrossées en grand spectacles wu xia.
L'importance du substrat historique n'a rien d'anodine. Il permet d'inscrire les aventures de Dee dans le riche passé glorieux de l'Empire, tout en explorant une zone particulière : le règne de Wu Zetian, unique impératrice chinoise ayant gouverné seule. Une parenthèse exceptionnelle autorisant d'autres singularités, à la lisière du surnaturel que Dee débusque et désamorce par la puissance de sa déduction. Mais si les intrigues reposent sur un socle réaliste, à l'instar de celles de Conan Doyle, où la logique finit toujours par révéler ce qui se dissimulait sous les oripeaux du fantastique, le genre s'autorise des élégances acrobatiques peu compatibles avec la loi de la gravitation universelle ! Une licence artistique que l'on admet — et exige, même — d'un wu xia.
Si La Légende des rois célestes est l'œuvre d'un maître ès illusions, il propose en contrebande une très stimulante réflexion sur la tyrannie des apparences et des simulacres qui, à notre époque de l'image souveraine, résonne étrangement. Ce film de combat suggère incidemment une alternative à la vengeance stérile : le pardon. Sans doute naïf, mais d'une bouleversante actualité. Ah, au fait, le 4e est déjà annoncé...