Coming Soon
Cela fait dix ans que le Scooby Gang baptisé Coming Soon a publié son premier album. Un petit peu plus que (fin 2006) le groupe avait fait forte impression lors du tremplin Dandelyon. Sans doute à l'époque aviez-vous découvert ce groupe dans ces pages. Il a depuis fait du chemin, que ce soit à travers de nombreuses collaborations et en multipliant les projets parallèles. Surtout en ouvrant l'éventail de son anti-folk initial vers des esthétiques alors insoupçonnées dont leur dernier album Sentimental Jukebox semble être un concentré. Le passage de Coming Soon pour un French Kiss au Club Transbo (petit nom des release parties consacrées aux locaux et aux amis) est comme une manière de retour au bercail pour les plus Lyonnais des Anneciens.
Au Club Transbo le mercredi 10 octobre
The Apartments
La date du très rare Peter Milton Walsh au Marché Gare à l'occasion d'un Petit Bulletin Live en 2016 aura sans doute contribué à débloquer le compteur lyonnais de celui qui incarne The Apartments. Un concert dont l'intensité aura marqué les esprits des fans – et des curieux – présents ce soir là. Si l'on ajoute à cela une vague de rééditions - ses albums Drift et Fête Foraine en 2017 - et une tournée française, le Marché Gare a sauté sur l'occasion de reprogrammer dans le cadre de son escapade hors-les-murs ce musicien mythique du paysage indé des années 80-90.
Au Sonic le vendredi 12 octobre
Altin Gün
Lorsqu'au cours d'une tournée le Néerlandais Jasper Verhulst – ci-devant bassiste de Jacco Gardner – découvre l'âge d'or de la pop psychédélique 70's d'Istanbul, mélange d'infusion traditionnelles et d'apports occidentaux, son sang ne fait qu'un tour (de disque vinyle). Immédiatement lui vient l'idée de fonder un groupe à même de faire revivre le répertoire de Selda Bagčan, Barış Manço ou Erkin Koray, figures de proue du mouvement. En s'entourant notamment de vieux complices et de la chanteuse et du chanteur turcophones Merve Dasdemir et Erdinc Yildiz Ecevit (par ailleurs joueur de saz, un instrument traditionnel). Documenté sur On, le premier album d'Altin Gün (soit "âge d'or" en turc, CQFD) sorti en 2018, le voyage dans le temps musical a des airs de quatrième dimension psychédélique et d'irrésistibles manières d'inviter à la transe.
Au Périscope le lundi 15 octobre
Kurt Vile & the Violators
Childish prodigy et Constant hitmaker, ce sont sans doute les titres d'albums de Kurt Vile qui ont le mieux défini le très talentueux ressortissant de la cité de l'amour fraternel, Philadelphie. Cette dernière étant par ailleurs, la "capitale" de l'Indépendance américaine (où celle-ci fut signée en 1776), cela en dit encore un peu plus sur Kurt Vile, petit prince dépenaillé de l'indie-rock US. Ancien membre des excellents War on drugs, le quasi homonyme du célèbre compositeur allemand n'en finit plus depuis dix ans d'aligner les albums impeccables et de dégoupiller les tubes dégingandés dans un style alliant folk, blues, americana et présence laid-back. Le dernier en date avec son double féminin et australien Courtney Barnett était une petite merveille de slacking à deux voix. Le revoici avec son très attendu septième album, Bottle It in et un concert qui ne le sera pas moins.
À l'Épicerie Moderne le dimanche 21 octobre
Motorama
On l'a souvent dit par ici, Motorama est depuis treize ans un groupe suffisamment prodigieux pour se situer au carrefour de dizaines d'influences sans jamais se perdre en chemin. Et en parvenant toujours à ajouter de nouveaux ingrédients à sa pop-new-cold-wave (de moins en moins cold d'ailleurs), à exhumer de nouveaux trésors. C'est encore le cas sur le tout récent Many Nights qui nous en promet, de belles nuits. Ici le groupe de Rostov-sur-le-Don, porte du Caucase et donc elle-même carrefour des horizons, s'inspire tout autant du meilleur de la new-wave de l'ère soviétique (si, ç'a existé), que des percussions africaines (sic) et de la scène de Dunedin, qui mit la Nouvelle-Zélande sur la carte de la pop mondiale dans les années 80. Une recette dont seul un groupe comme Motorama est capable de faire un mets aussi fort en bouche que délicat.
À l'Épicerie Moderne le jeudi 25 octobre (avec Teleman)
Lloyd Cole
Auteur en 1984 avec ses Commotions de ce qui fut sans doute l'un des meilleurs albums des années 80, l'imparable Rattlesnakes, l'Écossais Lloyd Cole a connu en solo et depuis les États-Unis où il a émigré à la fin de cette même décennie, une carrière en dents de scie dont les hauts (les albums Lloyd Cole, Don't Get Weird On Me Babe et Love Story plus de nombreux tubes) ont fait de lui un chanteur culte à la voix de velours et à la geste ténébreuse : une sorte de crooner en cinquante nuances de gris mais toujours plein de panache. À l'occasion de ses 35 ans de carrière, et c'est un événement, Mister Cole s'offre une tournée (et un Toboggan) en solo, pour revenir en live sur les années fastes de cette carrière, courant de 1983 à 1996.
Au Toboggan le jeudi 25 octobre
Escape-ism (Ian Svenonius)
Leader d'une série de tueries rock tels Nations of Ulysses, The Make-Up et Chain and the Gang (pour ne citer qu'eux), cinéaste, animateur radio, essayiste d'obédience marxiste (auteur de The Psychic Soviet), théoricien de la geste rock (l'impayable Stratégies occultes pour monter un groupe de rock) et sacré client pour les journalistes, Ian Svenonius est une figure aussi imposante qu'incontournable de l'underground. Depuis 2017, Svenonius officie sous le nom d'Escape-ism en mode post-punk minimaliste et a publié cette année The Lost Record, sur le modèle des grands disques perdus (et retrouvés) de l'Histoire du rock, mais sans l'étape de la perte. De la part d'un type qui ne fait rien comme tout le monde ce n'est guère étonnant.
Au Sonic le mardi 6 novembre
Dominique A
Pour ses cinquante ans, Dominique A s'est offert une année d'exception ponctuée de deux albums se regardant en miroir et de deux tournées ad hoc. Un premier disque électro-rock, baptisé Toute Latitude, sorti au printemps, et que l'homme de Provins est venu célébrer ici à Fourvière et un second, La Fragilité, publié cet automne, rendu à une épure toute acoustique mais jamais asséchée. Deux manières d'appréhender un artiste dont le style si marqué a peut-être fait oublier le caractère protéiforme au long d'une carrière stakhanoviste qui l'aura vu passer du minimalisme le plus cru au rock le plus tranchant en passant par la pop la plus aboutie. Ce disque (et bien d'autres choses de son passé) Monsieur Ané vient le présenter cette fois dans un cadre plus intime.
Au Radiant le lundi 12 novembre (avec Chevalrex)
The Breeders
S'il fallait encore présenter The Breeders alors on dirait qu'il s'agit de ce projet au départ parallèle et devenu principal de la bassiste des Pixies Kim Deal dont le tonitruant single Cannonball propulsa en 1993 le second album Last Splash au plus haut degré du culte (faisant oublier que le groupe avait par ailleurs livré un impeccable Pod en 1990). Mais tout autant et peut-être plus que l'anniversaire des 25 ans de cette encoche dans l'histoire du rock indé (les Breeders en avaient déjà fêté les 20 ans en remontant sur scène en 2013), c'est aussi la sortie d'un nouvel album, All nerve, que viennent célébrer Deal & co. Lequel montre que le groupe maîtrise encore avec une grâce certaine cet art du rock chewing-gum à la fois doux, dur et dingue.
Au Transbordeur le dimanche 18 novembre
Jean-Louis Murat
Toujours aussi insaisissable et réfractaire aux compromis (on ne parle même pas de compromission), Jean-Louis Murat avait livré avec son précédent album Travaux sur la N89, un exercice de déconstruction de son art. Il s'agissait alors de composer des chansons tout en les décomposant. Cela donnait une drôle d'affaire expérimentale contaminée par l'électronique (un retour aux anciennes amours de Dolorès). De cette sortie de route volontaire et passionnante, il reste des séquelles sur Il Francese, disque hybride sur lequel Murat fait dialoguer son amour de l'artisanat traditionnel – dont il disait il y a trois ou quatre disques qu'il ne sortirait plus – avec les réalités esthétiques de son époque, l'Histoire (son homonyme Murat) et le présent (son double Jean-Louis Bergheaud).
Au Toboggan le vendredi 23 novembre
Idles
Ironie du destin, c'est un groupe de Bristol, ex-capitale du trip-hop (Tricky, Massive Attack, Portishead) qui s'annonce comme l'un des sauveurs du rock anglais (si tant est que celui-ci ait besoin d'être sauvé, c'est un éternel débat) depuis qu'il est devenu l'un des chouchous des festivals. Un quintet aux manières brutes mais aux références raffinées composé de types qui pour la plupart ont (encore) un métier à côté du groupe, qui portent la chemise bien repassée pour mieux la tomber et terminer torse poil. Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, Idles est une énième mais remarquable éruption post-punk qui aime à cultiver l'ironie pour y faire pousser des épines. Joy as an act of resistance titre leur second album. Tout est dit.
À l'Épicerie Moderne le vendredi 23 novembre
Jeanne Added
Après le temps de la révélation fracassante via un album bien nommée, Be Sensational, et une tournée marathon, voici venu le temps de la confirmation pour Jeanne Added, drôle de personnage, élevé au classique et au jazz rappelons-le, versant dans une pop aux accents post-punk et électro. Celle qui avait opéré un véritable chantier de déconstruction de sa première vie musicale de vocaliste, revient justement à quelque chose de plus vocal, de plus ouvert, de moins froid. Où la chanteuse réinvestit l'artiste et inversement. Encore une fois, la chose est une injonction : Radiate – "rayonne", "irradie", "respire", selon les acceptions, comme un nouveau départ et un nouveau rendez-vous avec le public et avec elle-même.
Au Transbordeur le samedi 24 novembre
Johnny Marr
« Johnny Marr j'en ai marre » chantait il y a quelques années ces amoureux du vintage que sont les genevois de The Rebels of Tijuana, bien connus de la scène rock lyonnaise. L'intéressé n'en a cure qui viendra se produire tout de même en la capitale des Gaules, ce qui ne constitue pas le moindre des événements. Car il s'agit tout de même ni plus ni moins que du génial guitariste des Smiths qui, s'il n'a pas connu en solo ou à travers ses divers projets (Electronic, Johnny Marr & The Healers, The Cribs) le même succès ou les mêmes instants de grâce qu'à l'époque de sa collaboration pleine d'émulation avec Morrissey, reste une référence, en Angleterre une idole pour les générations qui lui ont succédé. En clair une icône.
À l'Épicerie Moderne le mardi 27 novembre
Gontard !
Grande figure du rock isérois depuis les Frères Nubuck, Gontard !, chanteur à masque de lapin, avait cueilli le public à froid avec l'intense Repeupler, manière de chanson française frondeuse et sans compromission s'ébattant sur les terrains les plus vagues du rock, ceux où l'on risque de tomber à chaque pas sur un piège à loup rouillé. Ce n'était (presque) rien en regard de Tout naît/Tout s'achève dans un disque où après le froid, Gontard !, allergique à la tiédeur et au centrisme mou, donne dans le brûlant, le bouillant, le vibrant. Un disque qui compte sans doute parmi les sommets discographiques de 2018 où dans un écrin beaucoup plus pop se dessine toujours une rage inaltérable.
Au Kraspek Myzik le jeudi 1er novembre
Thérapie Taxi
Le moins que l'on puisse dire c'est que Thérapie Taxi n'a pas la langue dans sa poche. Il l'a même un peu partout, ceci dit sans faire de dessin. Car pour écrire ses Hit Sale(s), du nom du single et de l'album qui ont propulsé ce jeune trio pop au rang de mini-phénomène – des concerts rapidement sold-out –, propose des crudités (verbales) à tous les repas. Ici l'amour est vache, on compte fleurette avec des ronces plutôt qu'avec Ronsard, les fêtes ont des airs d'apocalypse, les coups de foudre des allures de rupture et les scènes d'amour de scène de ménage. Et c'est, faut-il qu'on soit maso, tout simplement irrésistible. Peut-être parce que Thérapie Taxi est la preuve, contre toute attente, que les millenials, que l'on pense trop souvent livré à la lobotomisation numérique, sont pétris de désir et d'envie d'en découdre.
Au Transbordeur le jeudi 13 décembre