En scènes / Voici notre petit tour d'horizon des spectacles à voir à Lyon en mai, entre de l'humour haut de gamme, des romans cultes adaptés sur scène et de la grande danse généreuse.
Guillermo Guiz
L'un des meilleurs spectacles de stand-up du moment s'appelle La Formidable ascension sociale temporaire de G. Verstraeten. Un titre à rallonge signé Guillermo Guiz, enfant d'un milieu populaire qui livre une acide réflexion sur sa condition d'artiste nouveau bourgeois. Une immense réussite pleine d'autodérision (sur, par exemple, la vacuité de son métier face à l'urgence climatique), de savoureuses digressions (que ce soit sur son état d'homme blanc hétérosexuel ou les hôtels en tournée) et un humour noir particulièrement efficace – sacré Grégory Lepetit, ou plutôt petit Grégory.
Au Toboggan (Décines-Charpieu) jeudi 2 mai
Au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire) samedi 8 juin
À la Bourse du travail (Lyon) mardi 28 janvier 2025
Goupil et Kosmao
Grand nom de la magie contemporaine, Étienne Saglio a conçu, avec Goupil et Kosmao (soit le nom de l'assistant renard et celui du magicien), une petite forme cabaret de 30 minutes destinée au jeune public (à partir de 5 ans) d'une inventivité et d'une intelligence folles. Ici, l'humour est le moteur du récit, porté par ce duo involontairement comique qui fait littéralement s'esclaffer les enfants, et les plus grands.
Au TNG – Les Ateliers-Presqu'île du jeudi 2 au dimanche 5 mai (horaires en journée)
20 000 lieues sous les mers
Voilà un spectacle tout public grandiose : l'adaptation sur scène du fameux roman de Jules Verne par le duo on ne peut plus inventif Christian Hecq et Valérie Lesort. Avec eux, l'histoire du capitaine Nemo est visuellement bluffante (avec toute la magie artisanale du théâtre convoquée pour matérialiser le sous-marin et la mer environnante) et absolument captivante, le récit étant parfaitement délivré. L'un des plus grands spectacles de ces dernières années, tout simplement !
Aux Célestins du jeudi 2 au dimanche 12 mai
Hofesh Shechter / Sharon Eyal
Deux des meilleurs chorégraphes actuels sont réunis en une soirée. L'Israélien Hofesh Shechter et sa compatriote Sharon Eyal se sont mis au service, respectivement en 2023 et 2021, de la compagnie du GöteborgsOperan (Suède) avec qui ils poursuivent leur exploration des danses primitives et désarticulées, avec un grand format pour 16 et 13 interprètes. Si Hofesh Shechter est un habitué de la Maison de danse, Sharon Eyal n'a rencontré le public lyonnais qu'en 2022, à Fourvière, pour un hypnotique The Brutal Journey of the Heart sur la puissance du désir.
À la Maison de la danse du mardi 14 au samedi 18 mai
Mes parents
Parfois, un spectacle de fin d'étude dans une école de théâtre se transforme en aventure sur le long terme, tant la réussite lui donne toute sa légitimité artistique. Imaginé avec la promotion 10 de l'école du Théâtre national de Bretagne, Mes parents est une sorte de théâtre documentaire qui explose rapidement son cadre. En amont de la création, le metteur en scène Mohamed El Khatib a laissé les apprentis comédiens s'exprimer sur leurs parents, avant de transformer toutes ces paroles et confidences en matière théâtrale astucieusement délivrée sur scène. Des propos qui vont de l'histoire anodine aux enjeux presque sociétaux – notamment le regard que certains parents portent sur leur enfant arrivé a priori si haut. Et quelle scène de fin intense !
Au Théâtre de la Croix-Rousse du mardi 14 au jeudi 16 mai
Grès
« Avec ce texte, j'ai voulu montrer comment la colère se mue en révolte. » Spectacle sur « l'éveil d'une conscience politique » non sans rappeler le mouvement des Gilets jaunes (« quand on en arrive, un jour, à lancer une pierre, c'est peut-être que les choses grondaient depuis longtemps »), Grès (tentative de sédimentation) est un uppercut signé par l'auteur et metteur en scène Guillaume Cayet. Sur scène, le comédien Emmanuel Matte porte les mots de Guillaume Cayet, avec à ses côtés Valentin Durup du groupe de rap-rock La Canaille. Fort.
Aux Célestins du mardi 14 au vendredi 24 mai
Hen
Dans son petit cabaret, l'auteur, chanteur, marionnettiste et metteur en scène Johanny Bert fait souffler un vent de liberté incroyable grâce à sa figurine queer en mousse. Intelligent, tendre, drôle, follement enthousiasmant, cette création de 2019 déjà vue à Lyon tourne toujours et tant mieux, car c'est tout simplement une merveille de spectacle.
Au Théâtre de la Croix-Rousse du mardi 21 au jeudi 23 mai
Portrait
Spectacle à succès (les salles sont souvent pleines là où il passe), Portrait du danseur et chorégraphe à plusieurs casquettes Mehdi Kerkouche (il a travaillé avec des stars de la pop, pour des émissions de télé ou encore pour le ballet de l'Opéra de Paris ; et dirige maintenant un centre chorégraphique) repasse par Lyon. Sur le plateau, il offre à ses interprètes une partition généreuse faisant fi des frontières de style et célébrant le collectif. Efficace.
À la Maison de la danse du mercredi 22 au vendredi 24 mai
Zazie dans le métro
Porter sur scène le fameux roman de Raymond Queneau passé au cinéma grâce à Louis Malle, il fallait oser. C'est ce qu'a fait la metteuse en scène Zabou Breitman... et ça marche ! Cette histoire de découverte de Paris par une gamine espiègle se suit avec plaisir, grâce au talent des interprètes et aux parties chantées bienvenues. Un plaisant spectacle fédérateur.
Au TNP du mercredi 22 mai au samedi 25 mai
L'Homosexualité, ce douloureux problème
Voici un spectacle que l'on a vu grandir depuis une version brouillon il y a 3 ans. Prix de la section maquette Incandescence en 2022, passé aux Clochards célestes il y a tout juste un an, il revient en Célestine pour dire la naissance du FHAR, le Front homosexuel d'action révolutionnaire né au début des années 1970 dans l'émission ici reconstituée de Ménie Grégoire su RTL où les gays font soi-disant peur. Ce qui semble être le Moyen Âge était en fait juste hier. Dans un décor ripoliné et classe, le collectif stéphanois queer Fléau social fait joyeusement de ce moment historique du théâtre. Depuis, en janvier, ils ont livré leur nouvelle création Qu'importe le dépeçage, comédie trans (et trop entre-soi). De toute évidence, leurs spectacles gagnent en épaisseur avec le temps.
Aux Célestins du mardi 28 mai au samedi 8 juin
Les 12 travelos d'Hercule
Et voici un spectacle qui fait plaisir à voir ! Soit des comédiens qui, le temps d'une soirée, deviennent des drag-queens adeptes aussi bien du play-back (le tube de Diam's et Vitaa, Lady Marmalade de Moulin rouge, un hilarant yodel sorti de nulle part...) que des chansons originales composées par eux et délivrées en live. Une aventure parfaitement construite et maîtrisée. Et, surtout, joyeusement queer.
À la salle des Rancy (Lyon) vendredi 31 mai