Mains basses sur la ville

Mains basses sur la ville

Cette semaine, la Cinémathèque inaugure son cycle de projections regroupées sous le thème des Traversées Urbaines. Zoom sur le projet et nos films de prédilection. FC

Les observateurs les plus attentifs reconnaîtront là une initiative caractéristique de l'orientation qu'est en train de prendre la Cinémathèque grenobloise sous l'impulsion de son directeur Guillaume Poulet et du président de l'association Nicolas Tixier. Ce dernier rebondit jusqu'à s'envoler sur son passif dans l'architecture en imaginant une série de rencontres autour de l'urbanisme au cinéma. Chaque projection étant assortie de discussions avec des intervenants cinéphiles ou plus spécialisés sur les questions d'archi, le tout en partenariat avec moult structures affiliées. Soit une façon d'exploiter pertinemment le fonds de la Cinémathèque (pour les plus obsédés par le pragmatisme), d'explorer un thème à travers ses traitements cinématographiques (pour les autres). Le cycle démarre donc ce lundi 4 octobre à 19h30 avec le classique L'Aurore de Murnau, film muet accompagné pour l'occasion au piano par Jean-Michel Gonzales. Pour causer de l'impact des métropoles sur les psychés du jeune 20e siècle, la parole sera donnée au philosophe Philippe Simay.

The Town(s)

Le lundi 18 octobre, la soirée tournera autour de notre film chouchou de la sélection, pas forcément le meilleur, mais le plus singulier : La Zona de Rodrigo Pla (photo). Une sorte de transposition cinématographique des récits paranoïaques de James G. Ballard dans un quartier rupin et hautement sécurisé de Mexico, dans lequel un jeune désoeuvré va se retrouver à la merci d'un comité de voisinage d'un genre bien particulier. Vision glaçante du tout sécuritaire et de ses dérives, d'une efficacité redoutable dans sa mise en scène, La Zona mérite franchement d'être découvert. Tout comme, dans un genre moins immédiatement percutant, Sans soleil de Chris Marker, constante mise en balance des civilisations, essai sur la mémoire, tentative de “rationalisation“ d'une conscience de l'humanité, mais avant tout puissante expérience de cinéma, à même de vous réconcilier avec le versant expérimental du 7e art. Bref, vous l'aurez compris, la programmation est habilement éclectique (outre les films cités, on passe du premier film de Robert Siodmak, Les Hommes, le dimanche, au récent Hooligans de la bourrine Lexi Alexander) et propice à de multiples réflexions croisées. Allez, pour faire les pisse-froids, on regrettera juste que le falot Café Lumière de Hou Hsiao Hsien ait été choisi pour évoquer Tokyo, alors que les films du barré Shinya Tsukamoto offrent une vision beaucoup plus radicale de la folie de la métropole nippone...

Traversées urbaines
Du 4 octobre au 22 février, à la Cinémathèque.

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