Entretien / Sylvain Laveissière, Commissaire général de l'exposition Jacques Stella, Conservateur Général du Patrimoine au département des peintures du Musée du Louvre.Propos recueillis par JED
Quel est le parti pris de l'exposition ?Sylvain Laveissière : Celui, tout simplement, d'essayer de reconstituer un artiste, de le prendre par ses débuts et de le suivre. L'accrochage consiste en une successions d'époques différentes, avec quelques directions thématiques et quelques présentations de séries gravées. L'exposition vise à rendre l'artiste lisible et sa critique possible. C'est un artiste qui mérite que l'on s'y intéresse et désormais, on pourra juger sur pièces. Pourquoi Stella est-il méconnu ?L'histoire de l'art est très oublieuse et ne retient que quelques noms. Il existe peu d'études, de publications et d'expositions à propos de Stella. Il est rattaché à Poussin qui était son ami et qu'il collectionnait et vendait... Ce lien est tellement fort qu'on en oublie parfois que Stella était lui-même un artiste. Ceux qui s'y intéressent sont en général des spécialistes de Poussin. D'autres ont pu parler «d'artiste caméléon».Pourquoi ?Parce que ses œuvres ne se ressemblent pas, parce que la tonalité de sa palette a beaucoup changé. Mais on peut voir cela comme une qualité : l'œuvre de Stella est aussi variée que celle de Poussin.Quel est l'apport propre de Stella à l'histoire de l'art, ce qui le distingue ?Il se situe dans ce que l'on a appelé l'atticisme parisien, forme de classicisme français, hérité de l'art des sculpteurs grecs, avec un style pur et linéaire. C'est un art essentiellement savant, clair, exact, raffiné et gracieux. De ce point de vue, Stella est encore plus sérieux que Champaigne ou Poussin. C'est un hyper-classique qui va plus loin dans ce souci de haute distinction de la peinture.