La rentrée théâtrale 2013 démarre sous des auspices dont aucun curieux (amateur ou – et surtout - réfractaire) n'osait rêver : Robert Lepage puis Thomas Ostermeier sont parmi nous en janvier. S'ensuivront de bons restes d'Avignon, des argentins bluffants et des retrouvailles. Nadja Pobel
Joël Pommerat n'est pas le seul incontournable de la planète théâtre ; pour trouver aussi talentueux et singulier, il faut pousser les frontières. Coup de chance, les Célestins et le TNP ont convié dans leurs salles le Canadien Robert Lepage et l'Allemand Thomas Ostermeier. Le premier vient avec une pièce créée en mai dernier à Madrid, Jeux de cartes : Pique, début d'une tétralogie explorant les rapports entre le monde occidental et le monde arabe. Puisque la pièce ne peut se jouer que dans un lieu circulaire, elle le sera au Studio 24 à Villeurbanne (voir portrait de Robert Lepage en page 12). Ostermeier arrive lui avec un spectacle phare du dernier festival d'Avignon : Un ennemi du peuple, où il dynamite une fois de plus l'œuvre d'Ibsen, déjà infiniment moderne pour son époque. Ça suinte, ça gicle, ça crie, ça vit avec une force scénique qui n'a d'égale que sa maîtrise. Autre pépite du festival qui déboule sur "nos" planches bientôt : Plage ultime (Renaissance, mars) d'après Crash de J.C. Ballard, surprenante pièce de la jeune Séverine Chavrier qui prend son temps et nous renvoie à notre vacuité, à notre façon d'agiter de l'air pour avoir l'impression de vivre quelque chose. Dernier immanquable de la saison : Les Enfants sont endormis (Croix-Rousse, février), version très personnelle de La Mouette de Tchekhov par le grand Daniel Veronese. Cet argentin avait déjà donné un nouveau souffle à Maison de poupée et Hedda Gabler, vus à Lyon aux Célestins en 2011, Célestins qui accueilleront d'ailleurs en février une autre version de La Mouette, signée Bélier-Garcia.
Le Français à Lyon
Au rayon des retrouvailles, citons la compagnie l'Unijambiste de David Gauchard, qui présentera à Villefranche une de ses anciennes créations d'après le dramaturge anglais David Harrower, Des couteaux dans les poules (mars). Nicolas Ramond sera lui à Vénissieux (janvier) puis au TNP (février) avec Annette de Fabienne Swiatly, tandis que Serpent à sonnette (Toboggan, février), tragi-comédie belge de Philippe Sireuil, Céline, joué par l'immense Denis Lavant (Bourgoin-Jallieu, janvier) et la trilogie sportive de Laurent Vercelletto (Charlie Chaplin, janvier) s'annoncent aussi intrigants que différents. Côté lieux, ça bouge. Le Point du Jour est en jachère (mais ouvrira à des dates fixes encore inconnues) le temps que le nouveau directeur Gwenael Morin trouve ses marques. Sur la colline d'en face, à Caluire, la nouvelles salle de concert du Radiant-Bellevue fait également la part belle au théâtre et plus particulièrement à la Comédie Française. D'abord avec Le Jeu de l'amour et du hasard (avril) par Galin Stoev, puis avec l'une des anciennes sociétaires du Français, Catherine Hiegel, qui met François Morel en scène dans Le Bourgeois Gentilhomme (janvier). L'insaisissable Laurent Brethome y présentera pour sa part TAC (mars). Enfin, s'il ne fallait retenir que deux spectacles jeune public, ce serait Poucet pour les grands, belle fable de Gilles Granouillet (à l'Atrium de Tassin, Saint-Genis-Laval puis à Vénissieux) et Everest qui, au TNG, marquera les retrouvailles de Nino d'Introna et Stéphane Jaubertie. Ils avaient déjà produit ensemble le splendide Yael Tautavel puis Jojo au bord du monde.