Et si on tenait là le Goncourt 2013 ? Encore faudrait-il pour cela que Sorj Chalandon figure toujours dans la deuxième liste de ce précieux prix, qu'on ne connaitra que la veille de la publication de ce journal, le 1er octobre. Goncourt ou pas, l'écrivain a déjà décroché le Graal du journalisme lorsqu'il officiait à Libération, le prix Albert Londres. Car Chalandon n'a pas attendu d'être écrivain pour être passionnant. Ses vies se mélangent : son parcours d'activiste s'est écrit en même temps que celui de grand reporter.
Flashback. Nous sommes dans les années 80, il est envoyé en Irlande du Nord par la rédaction de Libé, qu'il a intégrée dès la première heure, en 1973. Sur place, les émeutes virent à la révolution. Tandis que les militants de l'IRA cherchent à renverser le gouvernement d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, lui garde sa partialité pour rendre compte du conflit. Mais une fois le boulot terminé, convaincu que «les gauchistes ne font pas que discuter dans des amphithéâtres, [mais qu']ils sont sur le terrain», il enfile ses habits de soldat maoïste et lutte aux côtes de l'IRA. Jusqu'à se rapprocher de Tyrone Meehan, figure charismatique du mouverment qui s'avérera être un espion du MI5, les services secrets londoniens. De cette révélation qui le déstabilisa profondément, Chalandon a tiré deux livres, Mon traître et Retour à Killybegs, actuellement adaptés au théâtre par Emmanuel Meirieu. Digéré, cet épisode laisse place en cette rentrée au Quatrième mur, récit d'un impossible projet de mise en scène d'Antigone à Beyrouth avec des acteurs de toutes obédiences religieuses.
Nadja Pobel
Sorj Chalandon
A la librairie La Voie aux chapitres, mardi 8 octobre à 19h30