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Bis repetita

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Répétition

Radiant-Bellevue

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Dans une extension du grandiose "Clôture de l'amour", l'auteur et metteur en scène Pascal Rambert disserte sur les rapports humains et le théâtre. Mais ses quatre stars, pourtant au meilleur de leur forme, ne parviennent à empêcher ce spectacle, pertinent autant qu'abscons, de patiner dans la prétention. Nadja Pobel

Elle attaque, elle mord. Audrey balance ses sentences brute de décoffrage contre Denis, qui a regardé un peu trop tendrement Emmanuelle. Presque terroriste, la déflagration dure pas moins de 45 minutes. Scandant sa colère d'adverbes («oui parfaitement, très clairement»), elle demande si l'on peut «décrire ce qui a eu lieu.» Puis extrapole : «est-ce qu'on peut décrire le monde ? Est-ce que le langage est la description du monde ?». Car s'entremêlent ici, dans un gymnase dédié à une répétition de théâtre, le travail sur une pièce (sur la vie de Staline) et les rapports intimes des quatres personnes, amis, amants ou ex, qui la montent.

Avec Clôture de l'amour, où déjà Aurdey Bonnet et Stanislas Nordey s'entredéchiraient,  Pascal Rambert avait produit un chef-d'oeuvre. Il reprend avec Répétition le même dispositif d'un théâtre où le dialogue est une addition de longs monologues et où les personnages fictionnels se confondent avec leurs acteurs, dont ils partagent le prénom : Audrey Bonnet et Emmanuelle Béart, comédiennes, Denis Podalydès, auteur, et Stanislas Nordey, metteur en scène ; ils appartiennent à la même «Structure», ce groupe indestructible et aliénant qu'ils ont formé à vingt ans. Et là encore, le parti pris a beau être radical, il n'entrave en rien le déroulé du spectacle. Il le rythme même étonnamment, mais au détriment de ceux qui ne parlent pas, livrés à une errance ou un immobilisme que Rambert prétend pompeusement chorégraphier.

Clôture du théâtre

Cette forme âpre prête évidemment le flanc à des départs intempestifs de spectateurs et à des applaudissements tièdes. Normal. Rien de ce que nous voyons n'est aimable. Rambert creuse dans les entrailles de ses personnages, en extrait parfois de troublantes certitudes, notamment lorsqu'Emmanuelle place les sentiments et la chair au-devant du discours, balayant la moralité pour célébrer la jouissance. Denis (tellement meilleur acteur que metteur en scène) se fait lui houellebecquien, débutant sa partition par un cinglant «ce qu'il y a de bien avec les animaux, c'est qu'ils se taisent», avant de dire à quel point l'art est une duperie, et ceux qui s'en réclament d'égoïstes psychopathes. Rambert a l'intelligence de faire son auto-critique, conscient que «c'est bien la peine de vouloir changer le monde si c'est pour écrire des rêves bourgeois à partir de sa propre vie», comme le dira plus tard Stan.

Mais justement, à quoi bon poser sur le plateau ses limites, si ce n'est pas pour essayer de les dépasser ? Pour Rambert, la vérité est dans la fonction, celle des grands écrivains, nous dit-il via Stan, c'est pourquoi il écrit. Mais Répétition est aussi sa propre caricature : celle d'un théâtre qui se parle à lui-même, oublieux de son public. La minute de GRS en clôture est à ce titre un aveu d'impuissance, un peu de beauté et de calme pour panser les 2h20 écoulées.

Répétition
Au Radiant-Bellevue jusqu'au dimanche 1er février

 

 

 

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