Costa-Gavras, une conscience en action

Costa-Gavras, une conscience en action
Compartiment tueurs
De Costa-Gavras (1965, Fr, 1h35) avec Simone Signoret, Yves Montand...

​Avec Costa-Gavras, plus d'un demi-siècle d'images et d'histoire nous saisissent. L'institut Lumière lui rend hommage par une rétrospective, une exposition et deux soirées en son indispensable présence.

Si durant les cinquante dernières années, moult intellectuels se sont laissé berner par les miroirs aux alouettes tendus à droite comme à gauche, il en est un qui a su résister aux aveuglements idéologiques : Costa-Gavras. Usant du cinéma pour dessiller les yeux de ses contemporains, le réalisateur a consacré l'essentiel de son œuvre à mettre au jour les atteintes aux libertés fondamentales et à l'humanité. À cartographier les impasses sociales et politiques sous les régimes dictatoriaux autoritaires (L'Aveu) comme sous les démocraties (Le Couperet) ; en temps de guerre (Section spéciale, le mésestimé Amen.) comme en temps de paix (Mad City). Malgré de rares accidents (Le Capital), son parcours artistique demeure l'un des plus éblouissants du cinéma mondial ; et son style nerveux — non dénué de causticité ni d'élégance — a su rendre visibles puis sublimes des causes honnêtes.

Ce que l'on pourra constater mardi 15 avec Z, explosive critique du régime des Colonels, Oscar du montage et du film étranger. Costa a toujours de savoureuses anecdotes sur le tournage en Algérie et la production homérique de ce brûlot, chef-d'œuvre intemporel valable pour toutes les dictatures. Le lendemain, il reviendra à ses premières amours, le polar (Compartiment tueurs, d'après Japrisot) et présentera la copie restaurée de État de siège, avant de nous laisser seuls en compagnie de la suite de sa rétrospective.

Un seul film vous manque...

Rétrospective, mais pas intégrale. L'insondable mystère des gestions de droits (ou le calendrier de sortie des copies restaurées, tout est lié) peut expliquer que sa Palme d'Or 1982 Missing — un comble — fasse partie des absents. On se consolera grâce à des classiques et des raretés : après Hanna K présenté en début de cycle, on (re)verra avec curiosité La Main droite du diable (1988), où Debra Winger s'infiltre chez des sympathisants du Ku Klux Klan, et le tristement prémonitoire Eden à l'Ouest (2008) sur la tragique situation des migrants, rejetés par les Européens.

Enfin, en "goodies", la galerie de l'Institut nous offre de parcourir la mémoire privée du cinéaste en accrochant ses clichés : des images d'amis et de compagnons de route (Montand, Castro, Semprun, Allende...) ; des paroles en noir et blanc de celui qui est davantage qu'une conscience de notre temps : un témoin agissant.

Costa-Gavras
A l'Institut Lumière mardi 15 et mercredi 16 septembre
Rétrospective jusqu'au 3 octobre

à lire aussi

vous serez sans doute intéressé par...

Vendredi 29 novembre 2024 Côté musique, on clôture l’année au Petit Bulletin avec une sélection particulièrement hétéroclite, entre engagement, élégance baroque et saturation onirique, mélancolie romantique et rap d’autrefois, avec des incursions dans des territoires où la...
Jeudi 21 novembre 2024 À deux pas (littéralement) de la place Sathonay, un nouveau café, vert amande, a ouvert ses portes après une rénovation sportive d'un mois : un nouvel espace (...)
Jeudi 29 août 2024 Fuyant les règles qui imposeraient un titre et une thématique, le nouvel accrochage de la collection abritée dans l’admirable écrin d’art à Rochetaillée-sur-Saône nous guide pour une promenade dans la tête d’un collectionneur réservé et discret.
Jeudi 29 août 2024 Derrière la linéarité de son scénario, Tatami étonne par sa volonté d’entremêler drame sportif, thriller paranoïaque et charge politique, le tout avec une certaine maîtrise. Un beau récit de lutte et d’affranchissement.  
Mercredi 3 juillet 2024 Temps fort du dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Jacques Audiard mélange polar, mélodrame et comédie musicale. Le petit miracle d’un auteur à son summum.
Vendredi 26 avril 2024 Avec presque deux-cents œuvres, "la Modernité à Lyon : 1900 – 1925", la nouvelle exposition de la Tomaselli Collection vise à dessiner les contours d’une koinè artistique créative et en effervescence, entre dissidence, introspection et appréhension...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X