La Biennale de la danse occupera les scènes dès le 9 septembre suivi du Défilé en majesté le 10. Le théâtre pointe aussi son nez fin septembre, les cafés-théâtres sont grand ouverts. Voici ce qui nous donne envie.
Mycelium
Peu connu encore en France, le chorégraphe grec Christos Papadopoulos (né en 1982) s'inspire beaucoup des mouvements observés dans la nature : déplacements des poissons, des oiseaux... Pour sa création avec le Ballet de l'Opéra, ce sont les champignons et le mycelium (leurs modes de communication et de propagation) qui l'ont particulièrement intéressé. Un groupe de vingt danseurs est amené à constituer une entité vivante collective, aux mouvements vibratoires minimalistes, sur une bande son hypnotique qui en fixe le tempo et les évolutions. « Dans cette pièce, le mouvement en lui-même ne raconte rien. La seule chose précieuse c'est cette colle invisible qui connecte les individus par accords réciproques » déclare le chorégraphe dans le dossier de presse.
À l'Opéra, du 9 au 14 sept, dans le cadre de la Biennale de la danse
Charlotte Creyx
Sa seule présence sur scène suffit à nous achever. Armée d'un silence asphyxiant — et c'est tout le génie de son jeu, la lyonnaise Charlotte Creyx fait la moue, grimace, maîtrise à la perfection chacun de ses muscles faciaux — forçant le public à rester pendu à ses lèvres pour exploser au premier mot prononcé. Agrippée à son micro comme pour s'assurer un dernier point de contact avec le monde réel, elle largue ses bombes, sortes de réflexions fleuve d'une activité neuronale manifestement intense et anarchique dont elle partage généreusement certaines réflexions. Que se passe-t-il là-haut ? Nul le sait. Mais acide à point, cynique à la perfection, et terriblement intelligente, la performance de Charlotte Creyx est une montée en tension permanente.
À l'Espace Gerson, du 6 sept au 28 oct
Tempête sous un crâne
La saison des reprises (une grosse tendance de la saison) est lancée avec le premier spectacle que Jean Bellorini a mis en scène. C'était à la Cartoucherie de Vincennes, chez Ariane Mnouchkine en 2010, d'après Les Misérables de Victor Hugo. Un théâtre épique et de récit qu'il nous reste à découvrir durant ces 3h40 (avec entracte), la marque de fabrique du directeur du TNP qui joue ici avec la frontière entre le jeu de la fiction et le temps présent.
Au TNP, du 14 au 30 sept
Art. 13
Découvertes aux Subs puis au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon, les pièces de Phia Ménard explorent les métamorphoses des corps et des identités, ainsi que le changement de notre perception du réel. Formée au cirque aussi bien qu'à la danse contemporaine et au jeu d'acteur, Phia Ménard traverse souvent les frontières disciplinaires en s'aventurant dans le champ des arts plastiques, de l'opéra, de la performance... Sa création Art.13 fait directement référence à l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui garantit à tous la liberté de circulation sur la Terre. Un article pour le moins peu appliqué. Pièce pour une danseuse, Art.13 se situe dans un jardin à la française où une femme bute sur le socle d'une statue monumentale et doit faire preuve d'imagination pour traverser murs et frontières.
Aux Célestins, du 17 au 19 sept, dans le cadre de la Biennale de la danse
Mesure pour mesure
Une équipe de l'ENSATT aux commandes, pour un texte shakespearien mis en scène par une artiste associée aux Clochards, Lucile Lacaze, qui avait fait son travail de fin d'étude sur Beaucoup de bruit pour rien. Et ce n'est pas parce que leur version du Nana de Zola nous avait laissé sur notre faim l'an dernier – trop touffu et bouffon – qu'on ne retente pas l'expérience puisque cette fois l'approche des personnages promet d'être intimiste, « en gros plan ».
Aux Clochards Célestes, du 20 au 25 sept
Liberté Cathédrale
On l'a qualifié souvent d'enfant terrible de la danse française, mais Boris Charmatz (né en 1973 à Chambéry) est surtout un expérimentateur et un chercheur forcené, avec des pièces démesurées ou, au contraire, réduites à l'essentiel, des pièces qui bousculent le public ou bien encore ouvertes aux amateurs... En 2022, il est nommé à la tête du Tanztheater Wuppertal, ayant la lourde tâche de succéder à sa fondatrice... Pina Bausch ! Liberté Cathédrale est sa première création pour ce ballet prestigieux, et la Biennale la présente pour la première fois en France. Œuvre pour trente interprètes, sa « cathédrale » humaine sans murs ni architecture poursuit ses expérimentations autour de l'idée d'assemblée chorégraphique, de puissance du grand nombre... Tout en évitant l'unisson, et en offrant un maximum de liberté à chacun de ses danseurs.
Aux Usines Fagor, du 22 au 24 sept, dans le cadre de la Biennale de la danse
S'assurer de ses propres murmures
Le collectif circassien de jongleurs Petit Travers a l'air de faire corps avec la musique live. Ici l'exercice est rendu à sa plus simple expression : un jongleur et un batteur pour approcher au plus le murmure. Création de 2020 accessible dès 6 ans.
Au Polaris, vendredi 22 sept, dans le cadre de la Biennale de la danse
Richard dans les étoiles
Valérian Guillaume a décroché le Prix Célest'1 2021 (devenu Incandescences) à l'unanimité. L'écrivain met en scène son propre texte sur un homme populaire de son quartier qui décide brusquement de changer de vie. Ce sera en fait l'apparition d'une sorte de double. Brecht et sa « Bonne Âme de Sé-Tchouan » rôdent. Avec notamment Jules Benveniste dont il ne faudra pas rater la création « PleurePASpapa » aux Clochards célestes le mois prochain. Lancement de saison avec la jeune garde !
Aux Célestins, du 27 sept au 7 oct
Les Jolies Choses
Née à Montréal en 1978, interprète pour plusieurs chorégraphes, Catherine Gaudet débute sa carrière artistique à l'orée des années 2000 avec des pièces aux titres évocateurs comme Grosse fatigue (2005), L'Invasion du vide (2009)... Des œuvres où la chorégraphe joue de l'épure pour mieux traquer toutes les facettes du corps, ce qui nous échappe et ce que nous ignorons de nos propres mouvements et puissances physiques. Elle présente à la Biennale sa nouvelle pièce Les Jolies Choses pour cinq interprètes. En une ligne qui se meut en rotation comme l'aiguille d'une montre, les cinq interprètes dansent une partition apparemment simple et qui se complexifie ensuite jusqu'à l'impossible et l'épuisement.
Au Théâtre de la Croix-Rousse, les 28 et 29 sept, dans le cadre de la Biennale de la danse
L'Après-midi d'un foehn Version 1
On ne s'est jamais vraiment remis de ce spectacle devenu blockbuster de Phia Ménard qui crée par ailleurs à la Biennale Art. 13 aux Célestins (voir ci-dessus). En 2010, elle accouche de cette "pièce de vent", une chorégraphie de sacs plastiques pour enfants dès 5 ans. De gros ventilos autour d'elle leur donnent une vie en sensibilisant à leur attribut polluant (mais pas que, heureusement !), sujet aussi de cette création fine dont Vortex est le pendant pour adultes, d'une puissante plus forte encore.
Au Ciel, samedi 30 sept à 11h, 15h et 17h, dans le cadre de la Biennale de la danse