Perfect days

Le retour de hype autour de Wim Wenders — expo à Arles, Prix Lumière à Lyon, double sélection dans la compétition cannoise, rééditions en Blu-Ray — restera un des phénomènes les plus étranges de 2023. Mais Perfect days, son meilleur film de fiction depuis trente ans, en livre une possible explication. Les jours et les nuits de ce monsieur tout-le-monde tokyoïte, récureur de chiottes serein, souriant et silencieux, marque une nouveauté dans sa carrière : pour la première fois, il filme un vieux, avec des manies de vieux et qui écoute de la musique de vieux — du rock, d’accord, mais rien qui n’ait déjà 50 ans d’âge. Toute forme de jeunesse et de modernité est instantanément disqualifiée à l’écran sans drame ni procès.

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Ce qui sautait aux yeux du spectateur dans ses films précédents — la vieillesse est son sujet — mais que Wenders camouflait derrière une absurde juvénilité de casting est ici éclairé en plein feux, avec une joie manifeste et zéro acrimonie. Changement de ton mais aussi changement de forme : écran carré et caméra chaloupée, impressionnisme documentaire et expérimentations oniriques — très belles, signées par sa femme Donata ; c’est comme si Ozu avait réalisé le pilote d’une série télé. Perfect days invente ainsi un cinéma-futon méditatif et prosaïque où même la pointe d’amertume finale n’altère pas la douceur ouatée du temps qui file, entre routine et remords.

Perfect days
De Wim Wenders (All-Jap, 2h05) avec Koji Yakusho, Tokio Emoto…
Sortie le 29 novembre

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