Panorama de rentrée culturelle 2017/2018 / Que les amateurs de danse se rassurent : plusieurs salles à Grenoble et dans l'agglo proposent d'excellents spectacles de danse. En voici dix, sélectionnés par nos soins.
Welcome
Les spectacles interprétés par des enfants inspirent généralement au critique professionnel la plus profonde méfiance. Sauf quand c'est la chorégraphe Josette Baïz qui met en scène son groupe Grenade, composé de jeunes danseurs issus de quartiers d'Aix-en-Provence et Marseille. Dans ce cas, nos aigreurs s'envolent et l'on applaudit chaudement le résultat au vu du talent des interprètes, qui reprendront ici plusieurs pièces composées uniquement par des chorégraphes femmes comme Dominique Hervieu et Blanca Li Pochette Surprise. On sera dans la salle pour découvrir le résultat.
À la Rampe (Échirolles) les 11 et 12 octobre
My ladies rock
L'un des tubes du chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta s'intitule My Rock, pièce énergique qui lie danse contemporaine et standards du rock – Dylan, les Beatles, les Stones, Nirvana... Voici la version exclusivement féminine, avec en bande son Patti Smith, Marianne Faithfull, Tina Turner, Aretha Franklin, Janis Joplin, Nina Hagen, Joan Baez... Au vu de la réussite du premier volet, on ira découvrir ce nouveau spectacle, créé cet automne, avec plaisir.
À la MC2 les 14 et 15 novembre
Un poyo rojo
Dans les vestiaires d'une salle de sport, deux hommes se jaugent, se cherchent, s'affrontent... Un spectacle physique très queer (l'archétype masculin est bien chamboulé) et sans parole au succès impressionnant depuis sa création en 2008 à Buenos Aires – on nous assure que le spectacle se joue à guichets fermés depuis ce temps en Argentine. Entre danse, théâtre et cirque, ce Poyo rojo (« coq rouge ») est un véritable ovni.
Au Théâtre municipal de Grenoble le 18 novembre
Chotto Desh
Dans Desh (passé en 2013 à la MC2), le fascinant chorégraphe et danseur anglo-bengali Akram Khan évoquait sa double culture, en partant sur les traces du Bangladesh de son père. Un carnet de route intime, tour à tour émouvant et drôle, jonglant entre le rêve et la réalité. Et une production grandiose (la technique était bien présente), qui arrivait néanmoins à convoquer les émotions les plus subtiles. Voilà qu'il en propose aujourd'hui une nouvelle version pour le jeune public intitulée Chotto Desh (« petite patrie » en bengali), dans laquelle il ne danse pas lui-même, mais qui donne tout de même très envie – on ne l'a pas encore vue.
À la MC2 du 20 au 23 décembre
In Spite of wishing and wanting
L'un des chorégraphes les plus cinglés et casse-cou de la scène contemporaine est belge et se nomme Wim Vandekeybus. Courses effrénées de danseurs, constructions de briques pulvérisées en poudres fiévreuses, portés à l'arrache (où les filles soulèvent les mecs comme des poids plume), prises de risques inconsidérés : c'est peu dire de la danse de Vandekeybus qu'elle est physique, énergique, sulfureuse, indispensable. Cette saison, il reprendra sa pièce phare de 1999, avec une distribution uniquement masculine. Comme nous ne l'avions pas vue lors de sa création, nous attendons ça avec impatience.
À la MC2 les 17 et 18 janvier
Boxe Boxe Brasil
Et revoilà Mourad Merzouki, chorégraphe hip hop de la compagnie Käfig que l'on a souvent pu voir sur les scènes de l'agglo, et son spectacle créé en 2010 – mais repensé depuis pour les 20 ans de la compagnie. Une pièce entre danse et musique (puisque imaginée avec le Quatuor Debussy) construite autour de cordes : celles du ring, et celles travaillées par les musiciens sur leurs instruments. Merzouki délaisse ainsi le travail physique intense au profit d'un découpage des gestes, comme un film muet au ralenti... Même si le hip hop, jamais bien loin, retrouve droit de cité dans la seconde partie du spectacle.
Au Grand Angle (Voiron) le 8 février
Achterland
« Achterland (1990) est un pivot dans le parcours très singulier d'Anne Teresa De Keersmaeker » : c'est le site web de la fameuse chorégraphe flamande qui l'écrit, alors on veut bien le croire. Elle reprendra donc cette pièce, qui serait l'une de ses premières à vraiment intégrer la musique et la danse : on a hâte de découvrir ça, tant le langage atypique et fort de l'artiste nous passionne (même s'il a pu par moments tourner en rond).
À la MC2 les 4 et 5 avril
May B à la Maré, une fraternité
Quand une pièce culte de chez culte est recréée par une des interprètes de l'époque 35 ans plus tard, ça donne ça : « En 1981, Maguy Marin crée May B, pièce burlesque et tragique à partir de l'œuvre de Beckett. Lia Rodrigues, interprète brésilienne, participe à sa création. Elle en reste profondément marquée. Aujourd'hui chorégraphe de renommée internationale, elle propose un projet de recréation de cette référence de l'histoire de la danse aux jeunes danseurs de l'École libre de Maré qu'elle a fondé dans son pays. » Comme on adore et la pièce originale et le langage chorégraphique souvent brut et charnel de Lia Rodrigues, on en attend beaucoup.
À la MC2 du 25 au 27 avril
Krafff
Un véritable bijou que ce Krafff, créé il y a dix ans par le metteur en scène Johanny Bert mais qui connaît toujours son petit succès. En tout juste trente minutes, cette rencontre entre le danseur Yan Raballand et une marionnette en papier créée et manipulée à vue embarque le spectateur sans aucune autre forme d'artifice. Du grand art.
À l'Espace Aragon (Villard-Bonnot) le 26 avril
Ballet de l'Opéra de Lyon
Le Ballet de l'Opéra de Lyon est l'un des ensembles de danse contemporaine les plus pointus en France. On ira donc découvrir les yeux fermés (façon de parler bien sûr – ou plutôt d'écrire) ce programme convoquant des œuvres de trois chorégraphes de renom : l'Américain mythique Forsythe, le Frenchy Millepied et le Tchèque Kylián.
À la MC2 du 29 au 31 mai