Festival du film court en plein air : « On prie pour que vous puissiez organiser une 47e édition »

Cinéma / Vendredi 30 juin, une projection particulière se tenait dans le cadre du 46e festival du film court en plein air de Grenoble. Moment spécial à deux titres : le thème, "Révoltons-nous", en plein contexte d’émeutes nocturnes en France ; mais aussi le propos à l’issue de la projection, un défilé de soutiens au festival, menacé par la baisse des subventions de la Région.

« On est un peu subjugués par l’actualité… » Séquence émouvante à la Cinémathèque, vendredi 30 juin, en plein milieu de la 46e édition du Festival du film court en plein air de Grenoble. Une édition qui a attiré plus de monde que d’habitude, malgré le contexte des violences urbaines nocturnes, difficile à oublier. D’autant que ce soir-là, le thème de la projection était "Révoltons-nous".

Anaïs Truant, administratrice de la Cinémathèque depuis le départ de Gabriela Trujillo, et Vincent Sorrel, son président, ont saisi cette occasion pour faire succéder aux courts-métrages présentés une série de témoignages de soutien, alors que le festival est grandement fragilisé par la baisse de sa subvention régionale (60% de moins en deux ans, sans alerte préalable ni justification).

Le syndicat de la critique de cinéma, Unifrance, le Roc (Regroupement des organisations du court), le Grec (Groupe de recherches et d'essais cinématographiques) ont lu leurs déclarations de soutien à la Cinémathèque de Grenoble et à ce festival gratuit, le plus ancien rendez-vous du genre en France. Le directeur du festival Sauve qui peut le court-métrage, à Clermont-Ferrand, lui aussi visé par les coupes de la Région, ou encore le réalisateur Sébastien Beigbeder, primé à Grenoble l’an dernier, ont également manifesté leur appui.

« Le court-métrage n’est pas le parent pauvre du cinéma : sans leurs films courts, Justine Triet ou Julia Ducournau n’auraient jamais fait leurs premiers longs, donc jamais obtenu de Palme d’Or »

« Nous dénonçons l’hypocrisie de l’exécutif régional, et contestons l’opposition entre patrimoine et création contemporaine jugée élitiste donc superflue » ; « Le court-métrage n’est pas le parent pauvre du cinéma : sans leurs films courts, Justine Triet ou Julia Ducournau n’auraient jamais fait leurs premiers longs, donc jamais obtenu de Palme d’Or » ; « Nous appelons la Région Auvergne-Rhône-Alpes à reprendre le dialogue avec les acteurs culturels » ; « La disparition de cet événement serait une honte que rien ne justifie »… Tous les messages étaient du même acabit, entre incompréhension et colère.

Plus de 2500 films visionnés cette année

Émue, Anaïs Truant a rappelé que la Cinémathèque et son festival fonctionnent avec trois salariés, forcément très investis ; un bureau et une petite armée de bénévoles (83 cette année sur l'événement). Le festival du film court en plein air de Grenoble est classé en catégorie 1 ; ce qui signifie que les réalisateurs qui y sont sélectionnés bénéficient d’aides supplémentaires à la création. Pour concocter cette 46e édition, l’équipe a regardé plus de 2500 films cette année, soit l'intégralité des propositions reçues. « La Région finance un grand nombre de réalisation de films courts en Auvergne-Rhône-Alpes, ils ne peuvent pas devenir invisibles dans les régions où ils ont été tournés », déplore Anaïs Truant. « L’accès des courts-métrages au public passe par les festivals comme le nôtre ».

 « On prie pour que vous puissiez organiser une 47e édition »

Cette année, en raison de la diminution de la subvention régionale – annoncée par courrier 5 semaines avant le festival –, l’événement a dû renoncer à inviter les réalisateurs et abandonner le prix remis par le jury presse. Anaïs Truant confie aussi qu’il a pu se maintenir car les partenaires ont consenti à un effort important sur leurs prix, geste qui ne pourra pas être réédité. « Le festival ne pourra pas se tenir dans sa forme actuelle l’an prochain, dans ces conditions », avertit-elle. Avenir incertain auquel s’attellera, dès aujourd’hui alors que le festival s’est clôturé samedi soir, l’équipe de la Cinémathèque. « On prie pour que vous puissiez organiser une 47e édition », glissait Christine Gendre, responsable du service court-métrage chez Unifrance. « Confiant », Christophe Loizillon, réalisateur primé en 1987 à Grenoble, se disait « pas du tout pessimiste. C'est un épiphénomène. On va trouver d’autres idées ! »

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