PETIT BULLETIN FESTIVAL / Après son Petit Bulletin Live de 2014, la reine du folk indé Alela Diane revient nous rendre visite avec son dernier album "Cusp", poignant témoignage personnel, comme elle sait si bien les livrer, sur l'expérience de la maternité.
2008, on découvre Alela Diane, jeune femme grandie à Nevada City, riante bourgade (3000 habitant) des montagnes de Californie, vestige de la ruée vers l'or où avec quelques amies (Marie Sioux, Dawn Landes, Joanna Newsom, Alina Hardin), elle avait fait affleurer un nouveau genre de folk, renouant paradoxalement avec d'anciennes manières : entre folk pastoral, influencé par Nick Drake et Joni Mitchell, psyché folk, culture native american, et ode à la nature comme sur l'inoubliable Pirate's gospel qui donna son titre à son premier album : loin de la grande épopée, le simple récit d'une virée en bateau sur un coin de lac.
Après To be still, toujours merveilleusement country-folk, Alela Diane installée durablement à Portland, s'ouvre à d'autres horizons avec Alela Diane & Wild Divine (2011), plus pop, plus produit aussi, où l'imagerie sepia post-ruée vers l'or fait place à une esthétique 50's hollywoodienne. Mais la métamorphose déplaît aux fans et l''expérience à l'intéressée.
Maternité
De disque en disque, on le constate, la jeune femme qui n'a jamais rechigné a évoquer sa vie personnelle (à commencer par ses parents), abandonne alors sa naïveté. C'est le cas sur About Farewell (2014), album de rupture qui revient au folk pour mieux laisser résonner ses blessures. C'est cet album qui nous avait valu un déchirant Petit Bulletin Live un soir de juin 2014. Celui-là aussi qui fonctionna alors comme un album de la renaissance après Wild Divine : au moment, dudit concert, Alela s'était remarié et venait d'avoir un enfant.
Après un disque collaboratif avec Ryan Francescoli, Alela Diane semble aujourd'hui poursuivre sa quête intérieure sur Cusp, écrit en résidence après deux ans passés auprès de sa fille, et enregistré alors qu'elle attend son deuxième enfant. Un album, majoritairement composé au piano, qui explore sans fard le thème de la maternité – de la difficulté à quitter sa fille à cette chanson, baptisée Emigré, regard d'une mère sur le sort du jeune Aylan et, au-delà, de ces immigrés qui s'embarquent dans de périlleuses odyssées maritimes dans l'espoir d'une vie meilleure. C'est un fait Alela Diane a fait du chemin depuis les bal(l)ades tranquilles de The Pirate's Gospel.
Alela Diane + Lior Shoov
Aux Subsistances le samedi 28 avril