Théâtre / C'est toujours un bonheur de voir Patrick Préjean sur scène. On se souvient l'avoir déjà vu au Théâtre Tête d'or, épatant aux côtés d'un Lionel Buisson survolté dans C'est encore mieux l'après-midi. Le voilà qui revient sans prévenir dans cet Entrez sans frapper, seul en scène pour débuter la pièce à faire l'acrobate (il a débuté à 13 ans dans le cirque Jean Richard) avec une série de tiroirs. Rien de nouveau sous le soleil si ce n'est le beau temps du théâtre de boulevard. Tant mieux : cette comédie d'Anthony Mariott et Bob Grant qui rame un peu au départ pour traverser la Manche (on est en Angleterre dans les 70's) ne cessera de gagner en rythme et seconds rôles bien croqués (et tous soigneusement interprétés) pour finir dans l'hilarité générale. Et au fil de la pièce, monsieur Préjean, dut sa modestie en souffrir, nous montre qu'il sait tout faire : la tendresse, le mensonge, la mimique, le regard enfantin, la voix posée, paternelle ou l'intonation plus piquée qui vient préciser un rire... Et pourtant, en grand gentleman, il n'écrase personne autour de lui et n'en fait jamais trop. C'est ce qu'on doit appeler la présence. En face de lui, Corinne Le Poulain fait preuve d'une sympathie communicative même si sa voix de fumeuse prive parfois le mot de faire sonner l'esprit. Mais l'autre star de ce beau programme, c'est Laurence Badie. Ce minois de souris sous ses éternels cheveux de chaume est doté de la voix la plus rieuse qu'il soit donnée d'entendre, sorte d'Arletty revisité par le dessin animé, presque toujours aiguë et chantante, poissonnière dont on s'étonnerait de ne jamais la trouver criarde. Rien que pour cette rencontre au sommet des grands boulevards, et pour le plaisir d'entendre un public entier rire en cascades au finale, une sortie sans réfléchir au Tête d'or s'impose. LHEntrez sans frapper, Jusqu'au 20 février au Théâtre Tête d'or
