Changement dans la continuité (et vice-versa)

Le nouveau directeur de la Cinémathèque de Grenoble, Guillaume Poulet, a la lourde charge de remettre la structure sur le devant de la scène, tout en composant avec l’existant. Heureusement, ce ne sont pas les projets ou la bonne volonté qui manquent. Propos recueillis par François Cau

Petit Bulletin : Comment se passe le passage de relais avec Michel Warren (tête pensante historique de la structure, NDLR) ?
Guillaume Poulet : Il est en train de se faire. Michel continue à travailler à la programmation, est toujours présent aux soirées de la Cinémathèque… Globalement ça se passe bien, j’ai une grande marge de manœuvre au quotidien - ce qui joue aussi, c’est l’arrivée depuis septembre d’un nouveau président, Nicolas Tixier, un proche de la Cinémathèque depuis très longtemps, qui a envie que le lieu se développe et redore un peu son blason. Les soubresauts qu’a pu connaître la Cinémathèque ces derniers temps ont peut-être entamé le crédit qu’elle pouvait avoir ; la volonté de Nicolas et la mienne est de repartir sur de bonnes bases, et d’assurer à la fois une forme de stabilité et le développement du projet, des idées, des collaborations.

Sentez-vous de la part des collectivités une prise de conscience de l’importance d’un tel lieu ?
La difficulté vient du fait que chaque personne a son idée de ce que devrait être une cinémathèque de province, ou du moins dans une ville comme Grenoble. J’entends bien le débat, le désir pour certaines personnes de partir sur un axe régionaliste, insister sur le côté “films de montagne“ – c’est vrai qu’il y a une présence marquée dans nos fonds, mais on tient aussi à ne pas se laisser enfermer là-dedans. Pour nous, c’est important de valoriser notre fonds dans toute sa largesse et son éclectisme, qui va de films de Méliès ou des frères Lumières jusqu’à des dépôts de films récents, c’est une richesse qui nous permet aussi de répondre à des sollicitations, de faire des propositions à des partenaires culturels ou autres. Le tout est d’arriver à concilier tous les points de vue différents, tout en conservant l’identité qui s’est créée depuis cinquante ans.

Comment souhaitez-vous voir évoluer l’événement phare de la Cinémathèque, le festival du court ?
Il n’y aura pas de grosse révolution. Des évolutions, oui, tout le monde en a envie, y compris dans l’équipe du festival et de la cinémathèque. C’est vrai qu’on arrive à la 33e édition, il faut y réfléchir. Des choses ne changeront pas, on reste, du moins pour 2010, sur des supports pellicule – on n’est pas encore prêts logistiquement et financièrement à franchir le pas du numérique. Les grands principes resteront les mêmes, mais la volonté est de s’ouvrir et de réfléchir à des collaborations, des partenariats, éventuellement internationaux. On a déjà quelques pistes.

Avez-vous d’autres projets ?
Nicolas a impulsé un événement qu’on est en train de mettre en place pour l’année universitaire 2010-2011, un cycle sur le thème de la traversée urbaine. L’idée étant de coupler une séance de cinéma avec d’autres interventions, une conférence, un cours ou une discussion, le tout réparti sur 7-8 rendez-vous pendant l’année. Ça se fera en partenariat avec l’Université Stendhal, l’Ça se fera en partenariat avec l’Université Stendhal, l’Ecole d’Architecture, l’Institut d’Urbanisme de la région grenobloise, la Maison de l’Architecture… ça restera ouvert au très grand public, on veut avant tout ouvrir de manière large à d’autres arts, à des structures ou associations culturelles qui travaillent autour de la ville, comme le collectif Ici-même par exemple. On a également en tête un projet qui pourrait devenir récurrent autour du remake, avec cette idée que le premier rendez-vous soit autour de Rio Bravo, un film que Nicolas et moi adorons – on aurait une programmation de quatre films, avec donc Rio Bravo, Assaut de John Carpenter, Nid de guêpes de Florent Emilio-Siri et Assaut sur le central 13 de Jean-François Richet. La notion de remake ouvre énormément de portes, on est pleinement dans une programmation de type cinémathèque. Enfin, on essaie de prendre contact avec tous les lieux culturels, je tiens vraiment à créer des passerelles.

D’après tout ce que vous venez de me dire, on ne peut que constater le virage éditorial conséquent à l’œuvre, avec notamment des choses que ne cautionnait pas vraiment Michel Warren…
Euh… Joker ! Je pense que ce n’était pas forcément sa vision de la Cinémathèque. J’ai envie de concilier sa vision historique, dans la foulée d’Henri Langlois au moment de la création de la Cinémathèque Française, avec cette volonté d’ouverture qui rejoint ce que j’ai pu faire par le passé en étant exploitant art et essai. Le tout, évidemment, sans marcher sur les plates-bandes des cinémas art et essai de l’agglomération grenobloise. Et les choses avaient commencé à se faire avant que je n’arrive ; je résume également beaucoup d’idées et de pistes en quelques mots… Plus qu’un virage, c’est une volonté d’ouvrir le spectre, sans arrêter ou remettre en cause ce qui a été fait.

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