Musique / 20e édition du Festival A Vaulx Jazz, qui fête l'événement en élargissant ses horizons géographiques et musicaux. Et en programmant toujours plus de grands noms de la musique noire. Stéphane Duchêne
Depuis 1988, A Vaulx Jazz a fait du chemin. Des deux soirées originelles de la première édition, le festival de jazz vaudois est passé à une douzaine de dates intégrant la danse à son programme et multipliant les partenariats, avec notamment le festival That's all funk du Ninkasi, l'Auditorium ou Jazz à Vienne. Pour cette 20e édition historique, certains fidèles de la première heure seront présents pour faire la java : La Marmite Infernale, d'abord, grande formation de l'Arfi, et Sangoma Everett pour une rencontre entre jazz, blues et électro avec le bluesman héritier du grand Taj Mahal, Corey Harris, personnage central de l'épisode Mississippi to Mali de la série de Martin Scorsese sur le blues, et la légende de Détroit Carl Craig qui, inutile de le rappeler n'est ni plus ni moins que l'inventeur de la techno. Car une fois de plus le jazz explorera ici ses origines, ses descendants et ses cousinages. L'Afrique et une soirée métisse qui verra fusionner pour une création intitulée Sabar Ring, le groupe de jazz contemporain français Thôt et l'ensemble de percussions sénégalais Sabar Group. Le spoken word, aussi, ancêtre du slam, avec le poète anglo-trinidadien Anthony Joseph, mélange de rastafarisme et de poésie beat. Le blues du Mississippi, enfin, avec Zac Harmon et son pendant chicagoan Eddy « The Chief » Clearwater, sosie haut en couleur de Little Richard qui possède la particularité d'avoir débuté avec les Blind Boys of Alabama et d'être né à Macon (Macon, Mississippi, évidemment). Le mythe de la Black MusicAu-delà de l'empreinte forcément très américaine du festival, A Vaulx Jazz rappelle pourtant qu'on peut, même si c'est pas de chance, être né à Mâcon, France, ou n'importe où en Rhône-Alpes, et s'y entendre en matière de jazz. C'est à cela que servent les soirées découvertes régionales avec les formations Tombées du Futur (qui revisite le son étrange et pénétrant des ondes Martenot), The Rongetz Foundation et Abigoba aux sonorités afro-beat. A Vaulx Jazz ne manquera pas non plus de célébrer certains des instruments de prédilection du jazz à travers leurs virtuoses. Au programme une soirée autour du piano, avec le jeune prodige texan de chez Blue Note, Jason Moran, 32 ans et déjà 7 albums, et une autour de la guitare qui accueillera notamment le guitariste new-yorkais antédiluvien (35 ans de carrière) John Abercrombie, légende du Greenwich jazz des 70's. Le finale du festival, pour la première fois joué à l'extérieur, à l'Auditorium, sera confié à Roy Hargrove, qui lui aussi ausculte avec application le mythe de la Black Music, travaillant la capillarité évidente qui relie jazz, soul, hip-hop et funk, au gré de ses collaborations avec des monstres sacrés (Natalie Cole, Diana Ross, Sonny Rollins) et de plus en plus avec des rappeurs (Q-Tip, D'Angelo) au service de son groove diabolique mélange de hip-hop et de bop. De quoi sortir de ce festival la tête haute et les jambes lourdes. À VAULX JAZZAu Centre Culturel Charlie ChaplinDu 15 au 25 Mars