Une affiche sans tête ?

Une affiche sans tête ?

Analyse / Sans grands ténors en vue, la saison expos 2006-2007 s'annonce très ouverte. Petit tour d'horizon de la programmation des musées, mais aussi des petites structures qui jouent parfois les gros bras. Jean-Emmanuel Denave

L'année 2005-2006 fut une saison des plus florissantes : une biennale d'art contemporain, un événement people "tous à poil" avec Spencer Tunick, deux expos très classes au Musée des Beaux-Arts (Braque/Laurens et Géricault replongé dans la folie de son siècle qui, toutes deux, ont eu un gros succès public avec plus de 60 000 visiteurs), une captivante rétrospective consacrée à Anna Halprin au MAC, le retour de Gérard Fromanger à Lyon (IUFM) et les délires lubriques d'Antoine D'Agata au Bleu du Ciel... Bien sûr, il y eut aussi quelques ratés comme : les expositions prématurées des deux stars montantes de la scène artistique française (Melik Ohanian et Kader Attia) et la rétrospective Bettina Rheims qu'il aurait mieux valu présenter au Musée de la mode ou des tissus plutôt qu'au Musée d'art contemporain... La saison 2006-2007 démarre, elle, sur les chapeaux de roue avec la 4e édition de Septembre de la Photographie, gros festival photo, qui occupera pendant deux mois l'essentiel des cimaises lyonnaises, et dont nous vous avons déjà longuement parlé dans l'édition de la semaine dernière (plus de 80 photographes et 30 lieux d'exposition du 15 septembre au 4 novembre). Qui ça ?Au-delà, et compte tenu des informations dont nous disposons (les lieux d'art dévoilent souvent leur programmation au fur et à mesure de l'année), les choses s'annoncent plus incertaines avec une ribambelle d'outsiders et d'artistes méconnus. Côté art contemporain, le Musée d'Art Contemporain sort de son chapeau trois Japonais totalement inconnus en France : Chiho Aoshima, Mr. et Aya Takano, enfants de Takashi Murakami puisant leur inspiration acidulée dans les univers du manga, du jeu vidéo et de la télévision (du 24 septembre au 31 décembre). On tentera l'expérience au moins par curiosité et pour prendre quelques nouvelles de la scène artistique japonaise. Suivront au MAC du 15 février au 29 avril 2007 : une exposition consacrée au jeune artiste néo-Pop et un brin cynique Fabien Verschaere (découvert à Lyon lors de la Biennale 2005 avec une installation digne d'un lycéen gothique vaguement inspiré, Magic Travel), et la présentation plus enthousiasmante de toute une génération d'artistes suisses nés dans les années 1960 (Pipilotti Rist, Fabrice Gygi, Andreas Dobler...). À l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne, Nathalie Ergino, récemment nommée, semble encore chercher ses marques et annonce, sibylline, une exposition consacrée à un quasi inconnu, Allen Ruppersberg (10 novembre-7 janvier)... Côté art classique, le Musée des Beaux-Arts donne quelque peu dans la Lyonnaiserie. Terme pas forcément péjoratif quand on sait la qualité du travail de cette maison, mais emblématique d'une programmation à venir pas des plus sexy a priori. D'abord, avec une rétrospective Jacques Stella (1596-1657), artiste d'origine lyonnaise, "peintre ordinaire du roi" et inspiré par les sujets religieux (22 novembre-12 février). Ensuite, avec l'exposition Lyon le temps de la peinture 1800-1914, dans le cadre du grand événement L'Esprit d'un Siècle, Lyon 1800-1914 qui mobilisera de la mi-avril à la mi-juillet nombre d'institutions locales (Le Musée Gadagne et l'espace d'exposition de la Bibliothèque de la Part-Dieu fraîchement rouverts pour l'occasion, les Archives Municipales, le Musée des Tissus...). Le Musée présentera l'Ecole lyonnaise du 19e (Berjon, Révoil, Orsel, Janmot, Flandrin, Chenavard, Meissonier, Puvis de Chavannes, Ravier) en la resituant dans un contexte artistique plus large... On ne demande qu'à être surpris, tout comme au Musée Paul Dini qui sort des oubliettes de l'histoire de l'art quatre femmes peintres (dont Suzanne Valadon) pour les mettre en regard avec l'avant-garde des années 1900 à 1930 (15 octobre-11 février).Les petits accueillent les grandsParadoxalement, ce sont les galeries et les petits centres d'art qui exposeront cette année quelques noms connus. À commencer par la galerie Domi Nostrae et l'artothèque de la Bibliothèque de la Part-Dieu qui présenteront des œuvres inédites du peintre français Philippe Cognée (mars-mai 2007), artiste travaillant à la frontière de la forme et de l'informe. L'Espace Confluence(s) de l'IUFM poursuit, lui, ses pérégrinations à travers ce qui fut appelé la Nouvelle Figuration avec une pointure du genre : le peintre espagnol Eduardo Arroyo qui mélange gaiement réalisme, surréalisme, militantisme politique et humour (26 octobre-15 décembre). Nouvelle Figuration toujours avec une exposition Hervé Di Rosa prévue à la Galerie José Martinez courant 2007. Enfin, en novembre, le Bleu du Ciel consacrera une rétrospective au photographe et magicien du noir et blanc, Jean-Philippe Charbonnier. Au-delà de ces quelques (petites) têtes d'affiches, il faudra surveiller de près les expositions des centres d'art de Vénissieux (présentation de ses collections en novembre) ou de Saint-Fons, de la BF15 (Raphaël Julliard, du 12 janvier au 3 mars), de la galerie Métropolis (Stéphane Penchreac'h, annoncé fin 2006), du Bureau pour l'art contemporain (Patrice Mortier en novembre) ou de la Salle de Bains (Swetlana Heger, du 10 novembre au 23 décembre)... Liste non exhaustive bien sûr, et à laquelle nous ajouterons l'un de nos chouchous lyonnais : Valère Mouchet qui expose ses nouvelles toiles vibrantes d'onirisme débridé et urbain à la Maison des Expositions de Genas (22 septembre-22 octobre).

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