Didym, dame, d'homme

Alors qu'il a déjà un sacré CV derrière lui, c'est l'année dernière que Michel Didym a véritablement fait parler de lui avec Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir. Du coup, il truste l'affiche théâtrale cette saison avec 3 spectacles. Christophe Chabert

Il fallait y penser, mais c'est Michel Didym qui a eu l'idée le premier. De Pierre Desproges, tout le monde loue la qualité des sketchs, leur humour noir et cruel, leur sens de l'observation impitoyable du monde et des spécimens qui le peuplent. Mais personne n'avait eu l'idée de prendre cette parole, de la "dépersonnaliser" et de la mettre en scène à plusieurs voix et en musique. Avec Les Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir, Michel Didym avait signé un spectacle fédérateur à partir des textes d'un homme qui ne l'était pas (du moins, de son vivant). Mais Didym avait fort bien compris cela : l'écriture de Desproges est avant tout une prodigieuse leçon de virtuosité musicale et il n'y a qu'à se laisser porter par cette verve-là pour forcer le respect du spectateur.Un funambule de l'absurdeLe spectacle est donc devenu un hit : succès à Paris, triomphe en Province. De quoi propulser Didym sur le devant de la scène. Une scène qu'il connaît pourtant depuis une vingtaine d'années déjà, quand, à peine sorti de l'École Nationale Supérieure de Théâtre de Strasbourg, ce Lorrain se retrouve à jouer sous la direction d'André Engel, Alain Françon ou Georges Lavaudant. Il fondera d'ailleurs à cette époque une sorte de coopérative d'acteurs appelée APE (Acteurs Producteurs Associés) avec des gens fort fréquentables comme Anouk Grinberg, André Wilms, Anne Alvaro ou Évelyne Didi. Mais Didym s'intéresse aussi à la mise en scène, et c'est en 86 qu'il crée son premier spectacle, Succubation d'incubes, co-signé avec Charles Berling. En fait, ce qui passionne Didym, c'est la découverte d'auteurs dramatiques contemporains : il va en monter beaucoup (de Koltès à Angot en passant par Vinaver, Turrini ou Durringer), mais il va surtout leur offrir le gîte et le couvert dans sa Maison Européenne des Écritures Contemporaines (MEEC) et surtout pendant le festival La Mousson d'été qui leur est dédié chaque année à l'Abbaye des Prémontrés. En cette saison 2005/2006, deux théâtres lyonnais lui ouvrent donc grandes leurs portes : les Célestins, où il créera Pœub (du 7 au 19 mars) d'après Serge Valetti, tragi-comédie absurde et foisonnante ; et la Croix-Rousse par deux fois, d'abord avec Ma famille (les 3, 4 et 5 novembre), un texte écrit par l'Uruguayen Carlos Liscano où une famille vend son enfant sans que cela ne soulève de véritable drame. L'histoire est racontée du point de vue de l'enfant dans une ambiance absurde, drôle et dérangeante. Face de cuillère (du 7 au 16 juin), deuxième spectacle présenté à la Croix-Rousse, reprend peu ou prou les mêmes ingrédients : enfance, refus du drame malgré la gravité de la situation (une petite fille autiste raconte sa vie condamnée) et bien sûr la musique, puisqu'il s'agit pour Didym d'une composante essentielle à ses mises en scène. Le texte est signé Lee Hall, scénariste de Billy Eliott, traduit par l'incontournable Fabrice Melquiot et c'est une habituée du plateau de la Croix-Rousse, Romane Bohringer, qui se lancera dans ce solo périlleux.

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