Local / Chaque année, le festival du film court de Villeurbanne laisse une place aux films tournés dans la région par de jeunes cinéastes. Si cette production s'infiltre pour cette édition dans la compétition française et francophone avec trois films sélectionnés, Le Court en Rhône-Alpes se charge d'accueillir les recalés ou les films ne disposant pas d'une copie 35mm. C'est le cas notamment du très prometteur "Onze repas" de Louise Hémon, qui a lui seul justifie que l'on aille jeter un œil au programme. Cette jeune réalisatrice est partie d'une douloureuse anecdote autobiographique : le suicide d'une de ses amies anorexiques. La réussite de "Onze repas" tient cependant à ce qu'Hémon n'a pas cherché à en faire un film à sujet, mais à inventer une écriture cinématographique originale et pertinente pour représenter le drame vécu par cette post-adolescente, incarnée à l'écran de manière très convaincante et par Thiodilde Fernagu. Au-delà des séquences quotidiennes, Hémon filme les cérémoniaux qui remplacent les repas, le moment où seule avec elle-même, le personnage se transforme en une masse d'énergie vitale, d'angoisses et de rêveries que la cinéaste saisit comme un corps libre, spontané, désordonné, souffrant. Beau film, encore un peu gauche dans ses scènes dialoguées, mais déjà très maîtrisé dans sa mise en scène. Au même programme, le nouveau court des frères Rifkiss, "13 minutes 44", tente à sa manière aussi un pur film de mise en scène, avec un plan-séquence qui saisit les dernières minutes d'un homme condamné par un dispositif étatique malthusien. À suivre aussi, trois films d'animation, notamment "Je criais contre la vie ou pour elle" de Vergine Keaton, qui bénéficie d'une bande-son signée Vale Poher, dont on vous parlait il y a quelques semaines dans ces mêmes colonnes.
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Le Court en Rhône-Alpes
Au Zola, mardi 23 novembre à 19h