Fortichimmo

Très orientée «nouveaux talents» en plus de quelques valeurs sûres, Fort en Jazz joue cette année la politique de l'offre rafraîchissante et du talent juvénile qui transpire par tous les pores du jazz et de ses dérivés. Stéphane Duchêne

Allez, avouez – faute avouée à moitié pardonnée comme disait mémé avant de nous coller une gifle au lieu de deux – quand on vous dit pianiste d'origine arménienne à Fort en Jazz, vous pensez immédiatement : André Manoukian. N'ayez pas honte, cela a également été notre cas. Eh bien si vous passez faire un petit tour à Francheville à l'occasion de Fort en Jazz, vous en ressortirez grandi en terme de «moi je connais un pianiste d'origine arménienne qui déchire, je peux te dire que c'est une autre came que Dédé Manoukian (qui pourtant n'est pas manchot)». Car oui, le Tigran Hamasyan dont il est question est un peu une bête de pianiste. Qui en plus, enfonce une autre idée reçue trop tenace selon laquelle le piano-jazz serait chiant à mourir (et Michel Petrucciani, il est pas mort peut-être ?). À même pas 25 ans, le jeune Tigran, passé par le Thelonious Monk Institute of Jazz et l'université de South California a remporté tout ce que le monde du jazz compte de prix et fait le tour du monde, quand d'autres peinent, à cet âge, à faire le tour du quartier. Avec son savant mélange de folklore arménien et de jazz, ce fan de rock ouvrira Fort en Jazz en conclusion d'une résidence au cours de laquelle il aura travaillé son prochain album.


«Keziah Jones norvégien»

À Francheville, cette année, ce sera un peu l'année des petites merveilles avec la présence par exemple de Bernhoft, présenté comme le «Keziah Jones norvégien» (et pourquoi pas un Marvin Gaye letton ?). En réalité un ovni, multi-instrumentiste, qui fleure bon les disques de Stevie Wonder et de Prince, le tout mêlé de blues féroce dès que l'animal s'emporte un peu. Bref, de quoi réviser quelques préjugés quant à la Norvège.

Prime à la jeunesse encore avec la franco-camerounaise Sandra Nkaké, également adoubée par Jazz à Vienne et on comprend pourquoi. La demoiselle a failli devenir journaliste mais la musique aurait perdu quelque chose en passant à côté de cette voix et de ce phrasé unique. C'est bien simple, Sandra Nkaké – qui est évidemment belle comme le jour, sinon ça ne serait pas drôle – fait à peu près ce qu'elle veut avec sa voix et ferait par conséquent à peu près ce qu'elle veut de ses auditeurs. Elle l'a bien compris sur Mansaadi, son premier album, enregistré avec De La Soul, Macy Gray et Erykah Badu : plutôt minimaliste en ce qu'il laisse la part belle à ses prouesses vocales et au groove sans pour autant chercher l'exploit. Il ne faudra donc pas rater ces trois là.

Pas plus qu'il ne faudra passer à côté de la plus «expérimentée» et ancienne chanteuse lyrique La Velle et sa voix à vous déchausser les dents qui couvre jazz, blues et gospel mais aussi quatre octaves. Ou encore du Kora Jazz Band initié par le pianiste d'Abdoulaye Diabaté. Parce que la kora est probablement l'instrument le plus vibrant qui soit – et pas seulement parce qu'il compte 32 cordes – surtout quand il s'agit de lui associer la «note bleue» qui est la signature du blues et du jazz. D'ailleurs s'il fallait mettre une note à Fort en Jazz pour cette capacité à jouer des coudes au milieu des géants festivaliers du genre, elle serait bleue.


Fort en Jazz
Du vendredi 1er au dimanche 17 juin
À l'Iris de Francheville

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