Bons plans / En ce mois de novembre, l'art contemporain se porte comme un charme à Lyon, avec plusieurs artistes dont nous vous conseillons vivement la découverte : le musicien et plasticien Tarek Atoui, le peintre Johann Rivat, l'artiste lyonnaise Marie-Claire Mitout...
Tarek Atoui, tout ouïe
On a rarement vu autant de "trucs bizarres" joncher le sol de l'Institut d'Art Contemporain : des boitiers électroniques, des ordinateurs, des pierres petites ou énormes, des récipients d'eau, des tubes, des câbles, des ossements... Et tout cela, sous la férule de l'artiste et musicien Tarek Atoui (né en 1980 à Beyrouth) fait de la musique et constitue un vaste et formidable paysage sonore ! L'Institut d'Art Contemporain lui consacre une rétrospective importante où Atoui a rassemblé nombre de ses pièces sonores et de ses instruments étranges, pour constituer un concert-exposition des plus singuliers.
Tarek Atoui, The Drift
À l'Institut d'Art Contemporain de Villeurbanne jusqu'au 28 janvier 2024
Elliott Erwitt, tout œil
Huit sections thématiques (les villes, les enfants, les chiens, l'abstraction...), plus de deux cents images en noir et blanc ou en couleur, un catalogue et une multitude de documents et d'archives : après son passage à Paris, la grande rétrospective du photographe Elliott Erwitt (né en 1928) fait étape à Lyon à la Sucrière. Le photo-journaliste pour l'agence Magnum et artiste a un sens rare de l'image, de l'instant décalé et drôle, du cadre et des émotions simples et humaines. Manquant de profondeur créative certes, le travail léger et sympathique d'Erwitt est à découvrir en famille par exemple, ou pour passer un agréable moment devant de très belles images.
Rétrospective Elliott Erwitt
À La Sucrière jusqu'au 17 mars 2024
Johann Rivat, tout onirisme
Grand coloriste, génial fabricateur d'atmosphères oniriques, le peintre Johann Rivat (né en 1981) fait se rencontrer sur ses toiles des chansons, des films, des références picturales (Edward Hopper, la peinture allemande de l'après-guerre, et, surtout, Peter Doig), des images captées sur internet, des tonalités irréelles, des matières aussi : huile, gouache, peintures à carrosseries... Pour son exposition à la galerie Regard Sud, Rivat a éliminé toute présence humaine (ou presque), pour n'en évoquer que des traces indirectes : un grand panneau publicitaire esseulé, un grand caisson phosphorescent isolé parmi le bleu des montagnes et du ciel, un clin d'œil aux clichés de la vie balnéaire en Floride, un cheval fantomatique rentrant dans son enclos... A découvrir sans faute !
Johann Rivas, Blowing in the wind
À la Galerie Regard Sud jusqu'au 18 novembre
Le MAC en chair et en os
Ouvrez grands vos yeux bleutés, effilez long votre corps et venez planer parmi l'univers manga et sans limites (ni entre espèces, ni entre genres, ni entre espaces fictionnels) de l'artiste japonaise Aya Takano, pour sa première rétrospective en France. Nous, ce n'est guère notre tasse de saké, et on lui préfèrera la beaucoup plus lugubre britannique Rebecca Ackroyd qui présente au MAC une sorte de squelette sanguinolent d'avion après un crash, entouré de dessins d'yeux pervers-voyeurs... Ou bien certaines œuvres des collections du MAC réunies sous la thématique du corps, de ses métamorphoses et de ses stigmates sociaux.
Aya Takano + Rebecca Ackroyd + Incarnations, le corps dans la collection
Au Musée d'Art Contemporain jusqu'au 7 janvier 2024
La Fondation Bullukian en trois
Artiste-voyageur (Etats-Unis, Liban, Inde, Brésil, Japon...), influencé par les techniques anciennes de dessin d'Extrême-Orient, Thomas Henriot fait voyager, aussi, sa pratique : dessins au sol, dessins dans l'espace public, prise en compte des enjeux sociétaux des lieux dans lesquels il intervient.... A la Fondation Bullukian, Thomas Henriot est mis en dialogue avec une autre artiste pratiquant le dessin, Camille Chastang, pour l'expo « Avant que ne fanent les fleurs ». Dans un plus petit espace, la Fondation invite une troisième artiste, Marie-Claire Mitout, à exposer plusieurs de ses oeuvres et à créer une peinture murale. Un univers que nous vous conseillons fortement, évoquant des scènes du quotidien dans un style aux lignes délicates et aux tonalités sensibles.
Thomas Henriot + Camille Chastang, Avant que ne fanent les fleurs
À la Fondation Bullukian jusqu'au 16 décembre
Marie-Claire Mitout, Rayonnons
À la Fondation Bullukian jusqu'au 25 novembre