Rencontre / Dans "Les Yeux de l'âme", le psychanalyste lyonnais Jean-Claude Rolland se propose d'éclairer la fonction, la valeur, l'existence de l'image dans la psyché humaine, et ses rapports de complémentarité ou d'exclusion avec le langage. Enjeu ô combien important pour la psychanalyse qui, certes, est une «cure de la parole» tissée de mots, mais traversée de rêves, de fantasmes, d'hallucinations parfois... «L'image est un matériau essentiel de l'appareil psychique, l'un des trois supports de la vie de l'esprit, entre le langage qui nous met en communication les uns avec les autres mais qui ne fait pas que cela, et la négativité de l'inconscient, c'est-à-dire l'ensemble de ces forces issues du corps ou hérités de la phylogenèse qui nous déterminent et nous agissent, tout en nous demeurant absolument inaccessibles», écrit Rolland. On y entend une proximité avec la triade lacanienne de l'Imaginaire, du Symbolique et du Réel. Mais il se sera jamais fait référence à Lacan qui semble pourtant incontournable sur ce thème, de sa conceptualisation du stade du miroir jusqu'à celle de pulsion scopique... Lacan refoulé, Jean-Claude Rolland, sans s'enfermer dans une définition précise, laisse flotter l'image pour faire quelques incursions dans la littérature ou la peinture et, surtout, revenir à partir d'elle sur plusieurs concepts fondamentaux de la psychanalyse. Sur le rêve bien sûr, et aussi sur la différence des sexes et le complexe de castration, le transfert, la mémoire, le primitif notre contemporain, le fétichisme, les états psychotiques... Jean-Emmanuel Denave
Rencontre avec Jean-Claude Rolland autour des Yeux de l'âme (éditions Gallimard)
À la Villa Gillet, mardi 22 février
