Musique / Pour son troisième album, High Tone s'émancipe encore un peu plus de l'étiquette dub et affirme la singularité et l'efficacité de son approche musicale.CC
Il est toujours plaisant de voir un groupe se renouveler, surtout quand il aurait pu capitaliser sur son succès initial. Auteur d'un album qui reste, cinq ans après sa sortie, le disque de dub le plus abouti enregistré dans l'Hexagone (l'impressionnant Opus Incertum, qui plaça sur orbite leur fidèle label Jarring Effects), High Tone tient moins que jamais à endosser la casquette de référence française sur ce style musical. ADN, deuxième album tout aussi convaincant, faisait déjà l'école buissonnière en allant flirter avec la drum'n'bass et les breakbeats cinglants. Wave digger, troisième livraison studio, ne fait qu'amplifier ce mouvement ; mais on devrait plutôt dire affiner ou, comme son titre l'indique, creuser une vague qui, loin d'être opportuniste, offre surtout au groupe l'occasion de montrer sa singularité.Haut de la vagueCar autant ADN prenait son temps pour multiplier les pistes et étirer les morceaux afin de prouver à l'auditeur les goûts hétéroclites du groupe, autant Wave digger est un album court et dense, dont les 10 morceaux n'ont pas besoin de jouer les prolongations pour imprimer durablement les consciences. On y retrouve les basses lourdes et profondes qui sont la marque des racines glorieuses d'High Tone, associées à des samples surprenants et minutieusement utilisés ; mais le groupe a gagné encore en souplesse mélodique et le rythme de l'album n'est plus celui, endolori et cotonneux, d'Opus Incertum, ni celui, syncopé et heurté, d'ADN. Avec ce troisième album studio, High Tone trouve une respiration beaucoup plus harmonieuse, qui s'accommode à la fois de quelques poussés d'adrénaline (la jungle puissante de Hangar 94/05) et d'étonnantes chutes de tension (un final planant inattendu). Un tempo sur lequel vient parfaitement s'inscrire l'étonnant Real Fake MC, rappeur lyonno-américain incongru qui, après quelques interventions inopinées sur les scènes lyonnaises, se voit carrément offrir un featuring où il se propose "d'apporter de l'amour dans la musique au sein de l'industrie". Une incursion hip-hop plutôt concluante qui signe là encore l'ouverture d'esprit du groupe, et sa dextérité à s'approprier les genres musicaux qu'il aborde. L'album sera dans les bacs le 11 avril et sera suivi par une tournée intense dont le démarrage s'effectuera au Printemps de Bourges. Mais comme pour rappeler ses origines lyonnaises, High Tone s'offrira une festive soirée de lancement le jeudi 7 avril sur "ses" pentes de la Croix-Rousse : ouverture apéritive à L'Arrêt public des platanes (de 19h à 23h), relais au Bistroy jusqu'à 2h du matin et conclusion au lever du jour au Bec de Jazz. L'occasion aussi d'apprécier la sous-formation d'High Tone (Akufen) et les talents solitaires de Dj Twelve, dont le premier album solo est annoncé fin mai toujours chez Jarring Effects.High Tone"Wave Digger" (Jarring Effects/PIAS)Soirée de lancement jeudi 7 avril