Patrick Eudeline, éternel dandy

Depuis L'Aventure Punk en 1977, témoignage à vif d'une époque dont il est l'un des visages emblématiques, Patrick Eudeline n'a cessé d'alimenter les étals de romans et de récits où son sens de la concision, de la formule et de l'esthétisme font souvent mouche. Ceux qui le suivent régulièrement dans les pages de Rock & Folk, ou de Best pour les plus anciens, connaissent par cœur ses obsessions (rock millésimé, fringues, amplis à lampes...) et son sens du détail (le bon nombre de boutons pour chaque veste ou comme ici, la bonne arme pour un braquage : « un fort sexy Parabellum »). Eudeline, c'est du style avant tout : dandy d'une époque révolue, remis en selle au mitan des années 2000 par la génération baby rockers qu'il patronna affectueusement, il réapparaît surtout dans les radars ces derniers mois pour nourrir les portraits d'une Virginie Despentes qu'il contribua à révéler, en plus de l'avoir influencée à ses débuts.

Mais l'ancien chanteur d'Asphalt Jungle n'en reste pas moins important dans l'imaginaire rock du pays : et ce nouvel ouvrage de rentrée, Les Panthères Grises, en apporte l'illustration. Oh, pas de récit au long-cours ici ! Ni de surprises : nous sommes en terrain (vague) identifié. Eudeline s'est emparé d'un fait-divers retentissant, le braquage de Kim Kardashian par des truands sur le retour, pour calquer sur cette trame celle de vieux rockeurs sur le retour rêvant de sortir de leur monotonie une dernière fois, de retrouver une certaine classe dans une époque qui en a perdu le sens-même, combinant le code d'honneur des truands old school aux riffs (plus ou moins) tranchants. Et par là même, il nous offre un authentique roman populaire, bourré d'humour, de nostalgie aussi, qui se dévore en deux petites heures, loin des crises d'ego sur 800 pages : ça change et ça fait du bien.

Patrick Eudeline, Les Panthères Grises (La Martinière)
À Tiki Vinyl Store le samedi 28 octobre à 17h