Glasvegas Parano

Glasvegas au Sirius, il y a là comme une anomalie. On adore la péniche et sa programmation souvent judicieuse mais on aurait davantage vu le groupe écossais faire résonner le Transbordeur ou le Kao, en pariant que d’ici quelques années, il couvrira les cris des spectres porcins de l’abattoir Tony Garnier. Le groupe de Glasgow est énorme, vend des tombereaux de disques en Grande-Bretagne, produit une musique plus grande que la vie et ne se repait que d’hymnes malades. Quelqu’un a dit U2 ? Oasis ? Mais alors U2 chez Ken Loach, Oasis braqué par Phil Spector. Ou une version pailletée de Jesus & Mary Chain... Car derrière des murs de guitares qui tombent comme la pluie dans le ciel tourmenté du Midlothian, il y a les paroles hérissées de James Allan, Morrissey de la misère sociale. Qu’il dédie un titre, flamboyant, à Geraldine, une travailleuse sociale qui vend désormais les T-shirts du groupe, et la Grande-Bretagne est en larmes. Qu’il évoque les pères absents sur Daddy’s Gone, et c’est comme si Roy Orbison avait soudain l’accent écossais. C’est ce qui rend attachant le côté épique — pompier diront certains — d’un groupe qui porte décidément bien son nom : cette capacité à ancrer un décorum clinquant au creux d’une réalité sociale qui fait froid dans le dos. Cette bizarrerie aussi, qui convoque Beethoven sur un texte parlé évoquant la peur d’être poignardé (Stabbed). Derrière les mines de loubards surannés, Glasvegas est un groupe passionnant. Et démontre que, même si c’est pour s’en faire des guirlandes, c’est quand les groupes britanniques se sortent les tripes qu’ils sont les plus intéressants. Stéphane DuchêneGlasvegas
Au Sirius, lundi 2 mars
«Glasvegas» (Columbia)

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