Divin Lupu

Musique / Radu Lupu est à Lyon pour trois soirées exceptionnelles autour des cinq concertos pour piano et orchestre de Beethoven. Un miracle musical à goûter religieusement. Pascale Clavel

Si le marathon vous tente, si l’envie d’une immersion totale et radicale dans le monde merveilleux des concertos de Beethoven vous séduit, alors il ne faut pas hésiter, l’expérience ne se reproduira pas de sitôt. Radu Lupu joue à cache-cache avec son public depuis l’origine. Par le manque, il crée l’envie, recette qui fonctionne et dont il raffole. Plus sérieusement, ce pianiste roumain ombrageux et discret préfère la qualité à la quantité et pose ce postulat en principe de vie. Il fait partie des inclassables et des inégalables, sa personnalité austère et son jeu quasi mystique rendent toutes ses apparitions magiques. On connaît ses interprétations d’une sensibilité musicale exceptionnelle, cette élégance pour peindre des paysages sonores d’une grande diversité. Depuis plus de 30 ans, il refuse les interviews à la raison fort peu discutable que les mots ne pourraient rien dire de ce que lui-même transmet par la musique. Pour ce pianiste des pianistes, la virtuosité n’est jamais une fin en soi et si son jeu éclate, c’est pour offrir au public des phrasés toujours ciselés, une musique où l’œuvre jaillit.Le Roi et l’Empereur
Pour ces trois soirées à l’Auditorium, Radu Lupu enchaine les cinq concertos pour piano et orchestre de Beethoven. C’est un pari fou comme les mélomanes inconditionnels en demandent et c’est un marathon insensé pour le pianiste qui doit se transcender sur chaque mouvement, chaque phrasé, chaque note. Si les trois premiers concertos de Beethoven sont de facture classique et dans la droite lignée de ceux de Haydn et Mozart, il faut s’arrêter sur le quatrième qui rompt avec le style galant connu jusque là. Il unit lyrisme et virtuosité ; au thème brutal de l’orchestre, succède une mélodie plaintive au piano. En perpétuel état d’apesanteur, le piano cherche l’orchestre, le provoque et au fil du temps le fait taire. Ce Concerto est de ceux qui font rêver et qui repositionne le genre puisqu’il se situe à la limite de la symphonie et par petite extrapolation pas loin de la Fantaisie pour piano. Concerto de l’intimité, il s’oppose au concerto n°5 dit «l’Empereur», le plus connu. Pour ce dernier, contemporain de toute une série de chefs-d’œuvres, Beethoven fait exploser le cadre classique du genre et offre au pianiste une partition d’une ampleur inouïe. Radu Lupu au piano et l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Lawrence Foster vont offrir aux mélomanes lyonnais trois soirées inoubliables. Radu Lupu, "Concertos de Beethoven"
À l'Auditorium, les 16, 17, 18 avril.

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