Documentaire / de Jeanne Mascolo de Filippis & Bruno Vienne (Fr, 1h17)
En 1990, alors qu'il était bébé, Kalou Rinpoché a été identifié comme réincarnation d'un dignitaire religieux tibétain. Depuis, les caméras de Jeanne Mascolo de Filippis et Bruno Vienne ont suivi l'apprentissage et l'évolution de celui qui est devenu à son tour un chef religieux...
Il convient tout d'abord de saluer la performance technique et humaine accomplie par les cinéastes ainsi que les producteurs, qui ont concrétisé ce que beaucoup avaient fantasmé en littérature (Daniel Pennac dans Monsieur Malaussène) ou tenté avant de renoncer tel Lars von Trier pour son projet inabouti Dimension : user du cinéma pour filmer la vie (donc la mort) “au travail“, en l'occurrence pendant vingt ans.
Mais ces félicitations doivent aussitôt se nuancer d'un bémol de taille. Car en choisissant pour sujet une personnalité “spirituelle“ investie dans une démarche politique et religieuse, en l'accompagnant inconditionnellement dans son avénement, ce documentaire épouse dans le plus pur style hagiographique et prosélyte le propos du jeune pontife. Vante sa modernité et sa popularité, s'émerveille que le jeune homme succombe aux tentations consuméristes occidentales (fringues et jeux vidéo de son âge, réseaux sociaux à gogo...). Et ne s'attarde pas vraiment sur le bizness lui permettant de mener son existence de “sage“ intercontinental — un réseau de temples à travers le monde apportant leur obole au bienheureux lama. Confondant de naïveté.