Mais qui est-il, ce Dom Juan ? Le colérique et survitaminé Nicolas Bouchaud chez Sivadier ? Le rationaliste de Vilar, le jouisseur en proie au doute de Lassalle... ou encore l'agnostique qu'Olivier Maurin a récemment présenté au TNP ? Pour Laurent Brethome et Philippe Sire, directeurs des conservatoires de La Roche-sur-Yon et de Lyon, il est un déclassé social, vivant sans le sou comme un étudiant dépendant des alloc', malgré un paternel blindé, rêvant de paillettes et de son quart d'heure de célébrité.
Alors, il ne va cesser de s'imaginer plus beau et grand qu'il n'est ; comme le révèlera le quatrième acte, dans un container de fortune qui lui sert de logement au sein duquel il se cogne à tous les angles. Au premier abord, ce n'est pas cela qu'incarne Laurent Brethome, mais un Dom Juan volontairement agaçant, p'tit gars qui roule les mécaniques dans un décor presque vernis sur lequel rien n'adhère ; il dragouille, ne s'interdit pas d'être lourdaud avec la serveuse du bar d'un club déserté. Tout l'enjeu va être de le percer à jour, ce que les metteurs en scène parviennent à faire en se délestant des séquences des paysans qui n'auraient pas été très crédibles dans cette configuration, notamment avec la langue argotique que Molière utilise à ce moment-là.
Peu à peu Dom Juan, flanqué de Sganarelle (impeccable François Jaulin) rapetisse en se débarrassant de ses oripeaux, alors même qu'il se hisse sur une statue du commandeur monolithique et imposante. Et c'est ainsi qu'il trouve sa juste place.
Dom Juan
Au Théâtre Le Vellein (Villefontaine) le mercredi 5 et le jeudi 6 février