Escales Solidaires, des lieux où l'inclusion commence par l'assiette

En 1997, le Bistrot des Amis, situé dans le 3^e, voit le jour. Ce bistrot pas comme les autres, tenu par des bénévoles, accueillait dans une atmosphère familiale des personnes en difficulté autour de repas partagés. Habitués, habitants et bénévoles s'y retrouvaient, une mixité sociale nécessaire pour l'inclusion d'un public fragilisé par la vie. En 2018, inspiré par le Bistrot des Amis, Habitat & Humanisme amorce un tournant en créant la première Escale Solidaire dans le 6^e arrondissement. Le Bistrot évolue alors et devient l'Escale du 3^e. Aujourd'hui, cinq Escales sont en fonctionnement où peuvent se rendre des personnes seules, en précarité, des actifs, des personnes âgées, des étudiants, des migrants, des habitants, tous prénommés en ces lieux « les passagers ».

L'ambition pour ces Escales est de recréer du lien, de redonner confiance et d'accompagner les plus fragiles vers l'autonomie. Afin d'atteindre cet objectif, les Escales actionnent deux principaux leviers : une table d'hôte solidaire avec des repas à 2€ et un grand nombre d'ateliers. L'an passé, 44 thématiques d'ateliers étaient proposées, allant de l'accès aux droits à l'insertion professionnelle, en passant par la culture et les loisirs, sans oublier de prendre soin de soi avec du yoga, de la coiffure, de l'ostéopathie... Tous sont menés par des professionnels ou des étudiants. Héloïse Chardigny, responsable des Escales Solidaires, précise qu'un Point écoute est présent dans les Escales permettant de rencontrer une infirmière psychologue.

Pour fonctionner, une Escale à besoin de 60 bénévoles explique Héloïse Chardigny : « quelques salariés du groupe Habitat & Humanisme apportent soutien et aide logistique mais la gestion quotidienne tient dans les mains des bénévoles ». Lorsqu'on franchit la porte de l'Escale du 6^e, l'accueil est fait par Marie-Odile, une bénévole qui est ici la « capitaine de salle ». Présente depuis quatre ans et jeune retraitée, elle vient deux fois par semaine. Des moments enrichissants où elle dit se sentir utile. Les passagers arrivent pour partager un repas, local et entièrement fait maison. En attendant, certains jouent au Scrabble et d'autres discutent.

L'épanouissement, un maître mot

Les Escales proposent des petits-déjeuners, repas ou dîner. L'occasion pour certains des passagers de manger des produits sains et équilibrés. Derrière les fourneaux, parmi les bénévoles il y a Loïc, le référent de l'Escale du 6^e, « Au début je n'étais pas convaincu, mais j'ai compris en échangeant avec des bénévoles qu'ils étaient en réalité des faiseurs de liens. Il ne s'agit pas que de repas, c'est un lieu d'épanouissement personnel ». En témoigne une passagère retraitée, sans famille, souffrant d'un isolement profond et qui trouve en ces lieux, pensés comme des tiers-lieux participatifs, de l'attention et de la considération. Le repas est servi par les bénévoles et débarrassé par les passagers : « ce n'est pas un restaurant. Ici, c'est comme à la maison » explique Loïc.

Le développement des Escales se poursuit, et après une crise sanitaire ayant impacté le fonctionnement de ces lieux, l'expansion continue pour Habitat & Humanisme. Aujourd'hui, l'objectif est de sortir du centre de Lyon qui compte déjà quatre Escales : dans le 6^e, 3^e, 9^e et 2^e ainsi qu'une Escale mobile. Une autre a ouvert en janvier à Villefranche-sur-Saône, au pied d'une résidence du groupe. Et la prochaine se fera en juin à Villeurbanne. En prévision, des bénévoles sont recherchés et, comme pour les passagers, tous les profils sont les bienvenus. Une expérience humaine pour ce lieu unique qui fait du bien.