RICKY GERVAIS & STEPHEN MERCHANT
Warner Vision France
Enfin réunis dans un seul coffret, les deux saisons et l’épilogue de cette série anglaise essentielle arrivent au moment où sort sa pathétique adaptation française, Le Bureau, qui en est pourtant une copie conforme (mais seul le talent ne s’imite pas !). Oublions l’absurde comparaison donc, et revenons à l’original : dans une entreprise de papiers basée à Slough, trou perdu de l’Angleterre post-Thatcher, se joue la comédie ordinaire du pouvoir. Une équipe de tournage est venue faire un documentaire sur la vie de ses employés, et surtout de leur patron, l’hallucinant David Brent, qui se croit très drôle, très apprécié et très doué pour le management. En fait, il est sinistre, macho, raciste et tyrannique. Les "reporters" sont en réalité les auteurs de cette fiction plus vraie que vraie, et David Brent est incarné par l’un des créateurs, le génial Ricky Gervais. Parti sur le mode du burlesque inquiet — scènes glauques en boîte ou au pub pour un quizz d’anthologie, The Office vire dans sa deuxième saison au malaise pur. Deux ans plus tard, dans l’épilogue, les rôles vont pourtant être totalement redistribués, et même David Brent, devenu vedette has been et à l’ouest, aura droit à son moment d’émotion. C’est ce qui est si fort : le rire se coince d’abord dans la glotte, mais ce sont presque des larmes qui viennent le libérer à nouveau. Un exploit dont seuls les Anglais, en bons humanistes vachards, semblent capables aujourd’hui.CC
