"Promouvoir la diversité des esthétiques"

Interview / Jean-Pierre Bouchard, chargé de la Mission musique pour la Ville de Lyon Propos recueillis par Dorotée Aznar

Quelles sont les spécificités de cette nouvelle édition de la Fête de la Musique ?Jean-Pierre Bouchard : Cette quatrième édition de la Fête de la Musique se caractérise par la diversité des esthétiques. On attend beaucoup de la rencontre entre amateurs et professionnels. Des concerts live électro place du Griffon, au pôle musique classique Place de la paix ou aux musiques du monde à la Guillotière, la programmation est extrêmement riche. Pour moi, la fête de la Musique doit conserver son rôle de tremplin. Je suis constamment dans la recherche ; cette année par exemple, nous avons amélioré les prestations fournies aux artistes. Nous souhaitons rester dans l'interrogation perpétuelle et ne pas proposer aux Lyonnais une formule toute prête.Qu'est-ce qui, selon vous, marque la réussite de votre projet ?Les deux premières années, j'ai constaté que le dispositif mis en place fonctionnait. Pourtant, on m'a accusé de vouloir tuer l'initiative individuelle. Je pense au contraire que l'une des fonctions principales du 'in' est de créer du 'off'. D'ailleurs, on peut parler de véritable émulation cette année. Nous avons eu énormément de demandes d'occupation temporaire de l'espace public, les initiatives personnelles affluent. Nous sommes en phase de consolidation. D'habitude, nous recevons une vingtaine de réponses suite à l'appel à projets lancé par la Ville. Cette année, nous en avons reçu plus de quarante. La moitié présentaient un projet pour la première fois. À l'inverse, des équipes présentes les autres années se sont abstenues ; ce renouvellement est un très bon signe pour moi, cela signifie que la Fête de la Musique s'inscrit dans un projet plus global d'aide à l'émergence musicale. Selon vous, est-il souhaitable que la Ville de Lyon prenne en charge une manifestation qui devrait se caractériser par son caractère spontané ?Dans toutes les villes, la Fête de la Musique est instrumentalisée. On en fait un événement de communication, censé valoriser l'image de la ville. À Lyon, il y a une réelle transparence, je n'ai reçu aucune commande ; je juge de ce qui paraît bon. Ici, les pouvoirs publics préservent les fondamentaux, on n'achète pas de prestations de groupes connus et on valorise les équipes locales ; c'est l'essentiel. Il ne faut pas oublier que l'intervention des pouvoirs publics permet la circulation des publics. Sans elle, on observe des regroupements dans quelques quartiers et chacun reste cloisonné dans son petit univers.Le budget alloué à la manifestation est-il stable ?Depuis deux ans, le budget alloué à la Fête de la Musique est de 40 000E, sur le budget événement de Pascale Bonniel Chalier (adjointe aux événements et festivités de la Ville de Lyon, ndlr). Cette somme est redistribuée sous diverses formes : un soutien en communication, un accompagnement technique (scène, un raccordement électrique, matériel son et lumière, barrières,...). Dans certains cas, le personnel de sécurité professionnel et le catering sont également fournis par la Ville de Lyon. Il faut bien noter qu'il s'agit d'un accompagnement et pas d'assistanat. Les équipes ne sont pas prises en charge totalement, elles doivent avoir recours aux buvettes, au bénévolat. C'est un moment d'apprentissage pour certains, d'échange pour tous.Pourquoi le hip-hop est-il absent de la programmation cette année ?C'est La Lyonnaise Des Flows qui assurait la présence du hip-hop les années précédentes. Cette année, ils ont souhaité passer la main mais nous n'avons pas réussi à trouver une autre association pour les remplacer. Jusqu'en avril, j'avais réservé le parvis de l'Auditorium pour le hip-hop mais j'ai dû annuler. Cette absence est dommageable mais elle n'est pas le reflet d'une décision politique. En effet, s'il a été difficile de faire accepter la musique électro et le hip-hop la première année, on peut estimer que cette période est révolue et que la nécessité de ces musiques s'est imposée. J'ai œuvré à démystifier et à faire accepter des musiques différentes aux populations. La Fête de la Musique va dans ce sens, elle permet un "zapping", d'un quartier, d'une musique, d'une culture à l'autre. L'an dernier, je n'ai reçu qu'une seule lettre de protestation suite à la Fête de la Musique. Cela prouve que nous avons réussi notre pari ; quand les choses sont bien faites et pensées en fonction de la spécificité des quartiers, elles sont nécessairement mieux acceptées par la population.Est-il possible de chiffrer le nombre de spectateurs de l'an dernier ?Nous n'avons que les données fournies par les TCL. Lors d'une soirée normale, on recense environ 200 000 déplacements. Le 21 juin dernier, on a atteint 400 000, uniquement pour les bus et les métros. C'est énorme, la Fête de la Musique est le plus gros événement de la Ville. Lyon est comme un modèle au niveau national.

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