Un été à l'air libre

Cette année encore, les cigales ne partent pas en vacances et chanteront tout l’été. Panorama des récitals en plein air à ne pas rater, à Lyon et dans les environs. Stéphane Duchêne

Knockin’ on Havens’ Door
On l’a vu, les festivals d’été ont parfois tendance à virer à la tournée des maisons de retraites, cette année (Leonard Cohen, Herbie Hancock, Roberta Flack…) n’ayant pas fait exception. On ne s’en plaindra pas. Surtout que du côté des Côtes du Rock, on est allé nous chercher le grand Richie Havens, héros de Woodstock, 50 ans de folk au compteur (un poil plus dans les artères). Richie Havens, c’est ce grand barbu noir qui, dans "I’m Not There", le biopic de Todd Haynes sur Bob Dylan, livre une reprise habitée de Tombstone Blues, sur le pas d’une vieille bâtisse. Une spécialité de cet activiste de la paix, des droits civiques, de l’écologie et du Tibet Libre (d’un peu tout en somme), connu, sinon pour ses propres chansons, du moins pour quelques-unes de ses reprises (de Dylan toujours, avec Maggie’s Farm ou des Beatles, avec Here comes the Sun). Toujours colossal, Havens vient de sortir avec Nobody’s Left to Crown, un album magnifique et a stupéfié le public du Festival de Cannes cette année, lors de la cérémonie d’ouverture, en jouant à la demande de Sean Penn, l’un de ses titres emblématiques, Freedom. Avec autant de mordant qu’il y a 40 ans.RICHIE HAVENS + THE JOHN BUTLER TRIO + ZENZILE
Aux Côtes du Rock (Théâtre Antique de Vienne), jeudi 17 juilletLa Couleur Pourpre
Elle est loin l’époque où l’on pouvait fredonner le riff de Smoke on the Water, LE grand tube de Deep Purple, en s’en grillant une, un bourbon à la main, la bécane garée au milieu du PMU. Aujourd’hui, législation oblige, ce serait plutôt Smoke on the Water nuit gravement à la santé et à celle se votre entourage ou Smoke on the Water peut diminuer l’afflux sanguin et provoque l’impuissance, ce qui nous rappelle que les temps ont bien changé, ma bonne dame. Les membres de Deep Purple aussi d’ailleurs. D’une part, ils ont vieilli, comme tous les rockers repoussant l’âge de la retraite jusqu’aux environs de la tombe (Smoke on the Formol ?). D’autre part, en tout juste 40 ans, le line-up du groupe a connu plus de remaniements qu’un gouvernement de la IVe République. Et pourtant, pourtant, Deep Purple est toujours là, peut-être un peu moins pourpre (encore que, la couperose…) mais toujours vaillant. Les doigts toujours prêts à courir sur le manche de guitare jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et quel que soit le casting, son public est toujours là, la Nicorette au bec. DEEP PURPLE + CAFE BERTRAND
Au Théâtre antique de Vienne, jeudi 24 juilletLady Commandements
Y a-t-il une vie après la comédie musicale ? Déjà, comme ça, dans l’absolu, on serait tenté de dire non. Et si l’on pose la question plus précisément en demandant «Y a-t-il une vie après la comédie musicale pour une chanteuse à vocation pop et branchée ?», on est carrément tenté de ne pas répondre et de filer à la buvette. Yael Naïm a pourtant réussi l’exploit de démontrer que cette vie existe, qu’elle est même plutôt agréable et, allez savoir, éternelle. Même quand on a passé quelques années à brailler, péché capital, Les Dix Commandements de Pascal Obispo aux côtés de Daniel Levy. S’étant rachetée une âme pure et pop avec son tube «New Soul» qui a fait le tour du monde, il est fort probable qu’aujourd’hui, Yael Naïm peut s’acheter à peu près tout ce qu’elle veut. À commencer par les faveurs d’un public conquis. YAEL NAÏM + PAULINE CROZE + CARMENMARIAVEGA
Aux Nuits de Fourvière, 26 juilletLes Nuits Folk
Sera-t-on un jour consolé du forfait de Beirut aux Nuits de Fourvière ? Pas sûr. Mais il a bien fallu se faire une raison. Pour nous y aider, les programmateurs ont choisi de lui substituer les sœurs à moustache de CocoRosie. C’est sûr, on y perd en amplitude et en lyrisme slavo-éthylique mais le choix semble assez cohérent, l’ensemble du concert promettant d’être passablement foutraque. Car aux deux sisters un peu fofolk, qui n’hésitent pas à mêler à leur bric-à-brac chant lyrique et hip-hop cheap, il convient d’ajouter la présence de Moriarty et de Coming Soon, deux révélations de l’année aux univers très marqués. Finalement, c’est un peu l’Amérique que nous promet ce concert : mais une Amérique modeste, de brocante, une Amérique de pionniers fouineurs, europhile et cosmopolite. On rêve ainsi de voir s’animer dans la Nuit sur la scène unique du Théâtre Antique, le cabaret ambulant de Moriarty ou les déhanchements façon Valentin le désossé d’Howard Hugues, leader gigantesque des anneciens de Coming Soon. Ajouté au laboratoire zinzin des Casady, cela devrait donner une soirée aux frontières du réel. Et pleine de poésie. COCOROSIE + MORIARTY + COMING SOON
Aux Nuits de Fourvière, mercredi 30 juilletFin de party ?
Dernier des festivals ou premier événement de la saison culturelle, chaque année Woodstower opère la transition entre un été passé en tongs à dodeliner dans des prairies musicales et le retour, cruel, au bureau, les pieds comprimés dans des mocassins. Woodstower est donc fait pour les organismes les plus résistants, ceux que l’enchaînement diabolique de festivals d’été n’a pas encore tout à fait rincés et les impatients, ceux qui attendent en trépignant la réouverture des salles de concert. Parmi les grands noms de cette année, on retiendra les belges de Zita Swoon, toujours impeccables en concert, le groupe Adam Kesher, les tout foufous Svinkels ou encore Keziah Jones. FESTIVAL WOODSTOWER
Au Parc de Miribel-Jonage, du vendredi 29 au dimanche 31 août