Rentrée des clashs

Entretien / Georges Képénékian, adjoint à la Culture à la Ville de Lyon, a accepté de donner son point de vue sur les sujets qui ont occupé ou occuperont prochainement la vie culturelle locale. Propos recueillis par Dorotée Aznar

La fermeture du CNP Odéon


Rappel des faits : Galeshka Moravioff, propriétaire des CNP, a fermé l'Odéon, l’un des plus vieux cinémas de Lyon, en juillet dernier, sans en avertir les salariés.
Petit Bulletin : Quels sont les rapports du propriétaire des CNP avec la Ville de Lyon ? Comment percevez-vous la fermeture du CNP Odéon ? Une Implication financière de la Ville est-elle envisageable afin de venir en aide aux CNP ?
Georges Képénékian : J’ai vu Moravioff il y a un an. Depuis je l’ai eu au téléphone. Il m’a demandé si la Ville de Lyon avait des choses nouvelles à lui proposer... En fait il m’a dit : «pour continuer mon travail, je veux le 8 Nef». Il voulait regrouper les CNP en un seul lieu… Le problème, c’est que Moravioff n’existe pas dans les stratégies des grands groupes or, il pense qu’il est un groupe comme Pathé ou UGC… En même temps, il me disait qu’il avait du mal à gérer ses salles, et que, du coup, il n’avait pas investi ni dans la qualité de la projection, ni dans les fauteuils, ni dans l’entretien, ni dans la numérisation des salles qui pèse sur l’ensemble des salles indépendantes… Cela me laisse penser que nous sommes face à un acteur privé qui joue avec -ou en tous cas utilise- le système des subventions du CNC au nom de l’art et essai mais qui est en panne de projets. L’art et essai, ce n’est pas juste projeter des films en VO ! Prenons le cas du cinéma Comoedia, par exemple. C’est un privé qui a mené un travail de privé -à part le coup de pouce qu’on lui a donné pour son installation-, et on voit qu’il y a de la place pour une forme de cinéma indépendant à Lyon. Je n’ai pas dit que c’était facile, mais on ne peut pas dire : «je suis une structure privée» et ensuite aller crier dans les journaux : «la Ville n’a rien fait pour moi».
Évidemment, ce serait violent que le jour de l’inauguration du Festival Lumière on annonce la fermeture des CNP ou pire que cela. On sait que les cinémas indépendants ont des difficultés pour se procurer des copies, des problèmes de distribution, de maintien des films à l’affiche et pour passer au numérique. La question qui se pose est comment on survit à côté des mastodontes et nous réfléchissons aujourd’hui aux moyens d’aider le cinéma indépendant car c’est un acteur essentiel de la vie culturelle. Quant à ce qui est de l’avenir des CNP, nous travaillons actuellement sur cette question. Il faut voir comment des acteurs peuvent imaginer des formes d’intervention, mais il ne s’agira pas d’une intervention de la Ville. Je n’ai pas aujourd’hui les moyens de lancer un soutien à des cinémas. En tout cas, la fermeture des CNP nous préoccupe.

La cessation d’activité de Kao Konnection

Rappel des faits : En juin dernier, Kao Konnection, l'association qui gère le projet culturel du Ninkasi a annoncé sa cessation d’activité dans le domaine des musiques actuelles en raison d’un «manque de moyens en fonctionnement dû à une part de financement public trop réduite».

Petit Bulletin : Si le Ninkasi Kao cesse son activité de programmation, ne peut-on pas parler d’une situation très alarmante pour les musiques actuelles ?
Il faut peser ses mots. Je pense même que le Ninkasi a même été déçu de ne pas recevoir le soutien de tout le monde. Franchement, le Ninkasi est un sujet majeur pour moi car trouver des lieux et des moyens pour la jeune création est un axe fort de mon engagement. Le Ninkasi part d’une belle idée, mais la période romantique est terminée. Au départ, l’idée, c’était : on vend de la bière, on trouve ainsi une activité commerciale qui permet en même temps de lancer de la musique. Et puis assez rapidement, cela ne suffit plus. Ce qui est certain, c’est que le Ninkasi n’aura jamais le statut de SMAC (scène musiques actuelles, NdlR) comme il l’ a demandé. Pour l’instant, nous sommes en train de réfléchir, nous avons augmenté de plus de 20% cette année les budgets du Ninkasi et pourtant, ils se sont laissés aller à des commentaires qui ont pu amener du désagrément au maire de Lyon. La Ville a fait beaucoup pour les musiques actuelles. Mais nous allons revoir Monsieur Fargier (le propriétaire du Ninkasi, NdlR) pour imaginer un mode de fonctionnement intermédiaire. Plusieurs solutions sont possibles : soit il sort de toute aide publique et le Ninkasi devient une salle purement privée (il fait ses concerts découverte au Kafé et il loue le Kao), soit on trouve un «moyen terme» ; qu’il puisse avoir une aide pour proposer des tarifs plus avantageux pour des jeunes créateurs et que le Ninkasi garde pour partie sa vocation, soit encore on reconduit une subvention et le Ninkasi s’engage à faire à peu près ce qu’il faisait jusqu’à aujourd’hui. Mais je n’ai pas d’idéologie qui m’empêcherait d’aider le Ninkasi.

La disparition de la Biennale du Théâtre Jeunes Publics

Rappel des faits : La dix-septième édition de la Biennale du Théâtre Jeunes Publics n’a pas eu lieu en juin dernier. La manifestation a été annulée après une baisse de subventions.

Petit Bulletin : Pourquoi avoir donné le coup d'arrêt à la Biennale du Théâtre Jeunes Publics ?
Nous n’avons pas arrêté la Biennale, nous avons proposé de transformer cette manifestation en un rendez-vous annuel, 'Intermezzo' pour garder l’esprit du travail de ces gens qui faisaient à peu près la même chose depuis 25 ans (les directeurs de la manifestation, NdlR). C’est la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles, NdlR) qui a décidé d’arrêter d’aider la Biennale. Et selon nous, cette Biennale atteignait les limites du système. La Ville a investi dans le théâtre jeune public par ailleurs. Il faut faire des choix, on ne peut pas tout suivre. C’est la fin d’un cycle et, au demeurant, d’autres choses vont s’arrêter aussi ou vont changer leur mode de fonctionnement.

Un lieu pérenne pour Arty Farty ?

Rappel des faits : Arty Farty, l’association qui gère le festival Nuits Sonores avait évoqué l’idée d’ouvrir un lieu pérenne, dédié aux cultures électroniques.

Petit Bulletin : Où en est l'idée d'un lieu pérenne pour Arty Farty ?
C’est un sujet qui a été lancé, qui s’est «délancé» et qui peut se relancer. Arty Farty voudrait au moins pérenniser l’investissement qui a été fait au Marché Gare pour la prochaine édition de Nuits sonores. On travaille à ce que le Marché Gare puisse avoir une vocation culturelle, et pas que pour Arty Farty…

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