Interview / Emmanuel Daumas, metteur en scène d'Enfants, nos vies étaient pareilles à des gongs.
Propos recueillis par Christophe Chabert
Comment l'ENSATT vous a proposé cette création ?Emmanuel Daumas : J'étais élève à l'ENSATT il y a 6 ans, et j'ai fait depuis des mises en scène qui ont été très suivies et accompagnées par Patrick Bourgeois.Vous deviez donc savoir comment se passaient les créations...Ça m'a aidé, et ça m'a donné un cahier des charges intimes. Je voulais qu'ils fassent absolument tous la même chose dans le spectacle parce que j'avais subi les différences de distribution ; je ne voulais pas qu'ils fassent des personnages de composition, ce qui m'agresse beaucoup comme spectateur dans les spectacles d'école. Les voir se gommer eux-mêmes en essayant d'être volontaires, c'est précisément ce que je n'avais pas envie de faire avec eux. Quand j'ai choisi Les Vagues, je leur ai laissé choisir les petits bouts qui parlent d'eux. Je leur ai dit : "Avec quels mots de Virginia Woolf pouvez-vous être le plus proche de vous, donc faire semblant de jouer le moins possible ?".Y a-t-il un cahier des charges sur ces créations, comme le fait de montrer les capacités vocales ou physiques des acteurs ?Pas du tout, mais c'est vraiment tentant de le faire. Si je montais Les Vagues avec des acteurs professionnels, je ne les laisserais pas faire ce qu'ils veulent. Mais c'est un moment rare dans leur vie, ils peuvent s'exprimer, qu'ils le fassent...Ce sont eux qui ont choisi les chansons du spectacle ?Portishead, c'est sûr, je voulais ça dans le spectacle. Pour moi, c'est la chose la plus proche de Virginia Woolf. Après, je ne savais pas qu'il y avait une actrice qui savait si bien chanter, et qui pouvait chanter après Beth Gibbons, ce qui me paraissait impossible... Mais toutes les musiques, c'est moi. Même sur les costumes, au début, je voulais qu'on travaille tous ensemble, et finalement, tu es obligé de faire un spectacle, d'unifier, de couper, de repenser...
