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Les échappés

Les échappés
Zidane, un portrait du XXIe siècle de Philippe Parreno et Douglas Gordon (Fr, 1h30) Zinedine ZidaneFilmer Zinédine Zidane sous toutes les coutures pendant la durée totale d'un match, en se concentrant sur l'homme, ses réactions et surtout pas sur le jeu, faut bien avouer que sur le papier, le long-métrage des plasticiens Philippe Parreno et Douglas Gordon, avait tout de l'œuvre formellement alléchante et finalement, juste chiante. Et dès les premiers plans, la crainte semble justifiée, on se dit qu'on a affaire à un très beau film de musée qui n'aurait jamais dû en sortir. Que nenni ! En quelques minutes, Zidane, un portrait du XXIe siècle fascine, happe, captive. Le héros fatigué de la nation impressionne la pellicule comme pas deux : son regard insondable, aux confins de la concentration, ses traits nobles, comme gravés dans le marbre, font de l'enfant de Castellane le visage de cinéma le plus magnétique que l'on ait croisé depuis un bon bout de temps. Son allure inimitable, ses errances sans ballon (la majeure partie du temps), ses soubresauts sporadiques, ses coups de génie (surtout un en fait !), admirablement mis en relief par un travail démentiel sur le montage et la bande son, se révèlent beaucoup plus passionnants et même émouvants (l'inespéré et renversant sourire de la 85e minute) que pas mal de fictions à scénario de ces derniers mois. Et d'ailleurs, le scénario, écrit en direct par les aléas d'un sport, quoi qu'on en dise toujours surprenant, est remarquable. Jusqu'au finale, tout simplement parfait.EALA COLLINE A DES YEUXd'Alexandre Aja (EU, 1h43) avec Aaron Stanford, Emilie de Ravin...Cauchemar d'une famille ordinaire traquée dans le désert par un groupe de dégénérés, La Colline a des yeux de Wes Craven avait fait forte impression en 1977. Pour redonner du lustre à son œuvre aujourd'hui un peu vieillie, Craven a fait appel au français Alexandre Aja. Le choix est judicieux : dynamique et sanglante sans tomber dans la parodie, sa version de La Colline... fait plus que rendre hommage à l'original, dont elle reprend le concept tout en le musclant. Très fidèle à la version de Craven, le film augmente cependant le nombre de protagonistes, permettant davantage de scènes d'action. Tantôt écrasé de soleil, tantôt plongé dans une nuit angoissante, La Colline... reprend point par point les ambiances horrifiques du premier film, dans des conditions techniques et budgétaires optimales, compensant largement la perte de l'aspect rugueux de l'original. Ce nouvel avatar de la saga des cannibales du désert atteint son but, confirmant chez Aja un authentique talent de cinéaste de genre. NM THE ROAD TO GUANTANAMOde Michael Winterbottom et Mat Whitecross (GB, 1h35), avec Riz Ahmed, Farhad Harun... Avec cette fiction semi-documentaire, Michael Winterbottom et Mat Whitecross signent un authentique brûlot. Les auteurs se sont penchés sur l'histoire de trois jeunes anglo-pakistanais arbitrairement emprisonnés au camp de Guantanamo pour en tirer une parabole sur l'injustice. Donnant la parole aux trois véritables protagonistes de l'histoire et illustrant leur récit via des scènes jouées par des comédiens, les auteurs ont évité l'écueil de la reconstitution figée. The Road to Guantanamo évite tout prêchi-prêcha : les scènes reconstituées laissent au spectateur le soin de se faire sa propre opinion sur les zones d'ombre du récit. La naïveté des trois jeunes gens saute néanmoins aux yeux, qu'ils aient été pions embrigadés ou victimes collatérales d'un conflit les dépassant. The Road to Guantanamo dépeint l'injustice dans toute sa mécanique kafkaïenne et laisse le spectateur frémissant de dégoût. NMProfession : reporterde Michelangelo Antonioni (1975, EspItaFrEU, 2h06) avec Jack Nicholson, Maria Schneider...Tout juste sorti de son expérience documentaire en Chine, Antonioni cède aux charmes de la co-production avec ce film, considéré à juste titre comme la symbiose esthétique et thématique de son art. Langueur finement dosée, un Nicholson impérial, des ajouts de prises sur le vif dont auraient bon ton de s'inspirer les aspirants cinéastes sensationnalistes, un plan final à pleurer... De quoi vous faire reprendre goût au 7e art après n'importe quel naveton informe. FCLORD OF WARde Andrew Niccol (EU, 2h02) avec Nicolas Cage, Ethan Hawke... (int.-12 ans)Rappelez-vous. Les premiers mois de l'année ont été marqués par la sortie de toute une flopée de films américains aux velléités ouvertement " politiques ", tranchant vigoureusement avec le tout-venant hollywoodien. Abordant le sujet du trafic d'armes à travers l'ascension sociale éclair d'un jeune émigrant ukrainien, Lord of War fait assurément partie des plus convaincants d'entre eux. Séduisant le spectateur par une mise en scène inventive, et un sens du rythme et de la construction souvent bluffant, le film ménage en effet son lot de scènes dantesques et de climax palpitants, sans jamais délaisser un instant son objectif principal, à savoir l'exploration d'une des faces les plus méconnues du commerce international de ces 30 dernières années. Bourré de punchlines tapageuses et d'artifices scénaristiques parfois un brin outrés, le film manque certes par instants de sobriété, mais pas pour autant de nuances, et convainc haut la main par son humour à froid et sa globale intransigeance. Recommandé. FCLe Secret de Brokeback mountainde Ang Lee (E.U 2h04) avec Heath Ledger, Jake Gyllenhaal...Sans hésitation, l'un des plus beaux films de l'année. Non seulement sur le plan de la réalisation, Ang Lee filme sur toute une vie ses très attachants cow-boys avec une empathie sensible, et sur le fond, le propos évoque l'impossibilité d'assumer son identité sexuelle dans l'Amérique des années 60 à 80 ouvertement homophobe. Soient Jack et Ennis (extraordinaire Jake Gyllenhall amoureux vibrant et Heath Ledger personnage taciturne mais non moins écorché), l'un assumant son homosexualité, l'autre cédant à cette passion évidente avec une douleur qui le rongera toute la vie. Tous deux doivent se résoudre à l'éloignement (mariages, familles). Les vies fausses et contrariées des deux hommes trouvent dans le giron protecteur de cette montagne du Wyoming, havre de paix et de liberté momentanée, leurs uniques moments de vraie vie. SDA bittersweet lifede Kim Jee-woon (Corée du Sud, 1h58) avec Lee Byung-hun, Shin Min-a...Dans l'apparente lignée de son camarade Park Chan-wook, Kim Jee-woon se démarque cependant de ce prestigieux modèle pour lorgner vers d'autres territoires esthétiques. Après avoir revisité la comédie et le film d'horreur, il touche au but en faisant glisser ce polar noir vers des sentiers émotionnels pour le coup franchement bien maîtrisés. On le sait depuis son premier long (The Quiet Family), Kim Jee-woon est un metteur en scène hors pair, extrêmement talentueux pour installer une atmosphère sensorielle foutrement efficace. A bittersweet life est l'explosion thématique d'un auteur désormais confirmé. FC

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