Photo : © Les Chauves-souris
De retour en France, le réalisateur de 'Maléfique' Eric Valette signe un polar politique intègre, noir, violent et efficace, en hommage au cinéma populaire des années 70.Christophe Chabert
En contrepoint à cette gangrène putride, Valette aurait pu choisir le camp d'une jeune fliquette beur idéaliste (Rachida Brakni) propulsée dans ce nid de serpents suite à la mort de son supérieur, un fan de westerns spaghettis — clin d'œil cinéphile assumé par le cinéaste jusque dans la musique du film. Mais celle-ci n'a rien d'une oie blanche : ambitieuse et prônant des méthodes expéditives, elle poursuit un dessein vengeur que Valette utilise pour garantir au film son côté badass, mais qu'il regarde aussi avec une certaine circonspection (là encore, rien à voir avec les dérives fachos de Marchal dans 'MR 73'). C'est en fait un troisième personnage qui recueille ses faveurs : Fernandez, tueur héroïnomane sur le point de raccrocher, mais tellement maladroit et poissard qu'il s'enfonce à chaque pas dans l'enfer ambiant. L'interprétation physique, mutique et mélancolique de Thierry Frémont crée une réelle empathie avec le personnage. Cet anti-héros individualiste vivant dans l'ombre des alcôves du pouvoir, est pour Valette l'occasion de raccrocher les wagons avec ses modèles, 'Mort d'un pourri' et 'Trois hommes à abattre' au premier chef. Des modèles face auxquels 'Une affaire d'état', avec son cachet de série B inventive et rapide, n'a pas à rougir.Une affaire d'état
D'Éric Valette (Fr, 1h45) avec André Dussollier, Rachida Brakni, Thierry Frémont
à lire aussi
vous serez sans doute intéressé par...