Rivesaltes. Commune des Pyrénées Orientales, calée entre l'étang de Leucate et Perpignan, à moins de 50 km de la frontière espagnole. Voilà pour la géographie. L'histoire de la ville est, elle, marquée depuis 1939 par la présence d'un camp militaire, sujet de la création Rivesaltes-Fictions. Au commencement, des républicains espagnols y trouvent refuge, fuyant le franquisme. Puis des juifs y sont internés avant d'être envoyés à Drancy et des harkis y séjournent plus ou moins longuement dans les années soixante. Récemment, des migrants ont peuplé ce lieu devenu un centre de rétention administrative. Plus politiquement correct que "camp", ce terme ne masque cependant pas le fait qu'à Rivesaltes, on a confiné des populations dites «indésirables», bien souvent étrangères. Vincent Bady, auteur, metteur en scène et acteur, s'attache à raconter ces faits avec un humanisme qui a beaucoup manqué à cette histoire. Évitant le plateau nu, il anime avec méticulosité un véritable dispositif (notamment vidéo), dans lequel il joue avec Marion Lechevallier.
Toute cette construction n'évite pas un certain didactisme, voire un ton professoral notamment lorsque la CIMADE est représentée. De fait, le spectacle manque de chair, écrasé par un trop-plein d'images, de sons (des paroles en langue originale sont superposées à celle du comédien), de points de vue (le récit est narré sur les modes je/tu/il) et de personnages, malgré de très habiles transitions. Il a toutefois le mérite de porter à connaissance ce lieu où sera érigé en 2015 un mémorial signé de l'architecte-star Rudo Ricciotti (MuCEM). Et Vincent Bady de moquer avec justesse cet acte conçu aussi pour générer du tourisme.
Nadja Pobel
Rivesaltes-fictions / Question suivante
Au NTH8 jusqu'au vendredi 14 novembre