Diary of the dead

Preview / Dans l’absolu, il faudrait attendre la sortie française (25 juin) de ce nouveau Romero pour en causer. Mais comme elle tombe la semaine de la fête du cinéma, au milieu d’un embouteillage invraisemblable de nouveaux films, il y a fort à parier que Diary of the dead se verra écrasé par les pop corn movies pour spectateurs stressés. Dommage, car même s’il n’est pas exempt de gros défauts, ce cinquième volet de la saga des morts vivants imaginée il y a quarante ans par George Romero, est un objet cinématographique passionnant. Après le décevant Land of the dead, reprise schématique et roublarde des thèmes développés dans les opus précédents, Romero déporte ses interrogations vers un tout autre sujet : l’emprise des nouveaux canaux médiatiques sur la perception des images par l’individu, avec ce que cela implique de manipulations, de mensonges et d’interprétations biaisées.
Diary of the dead commence de façon fracassante par le réveil d’une famille décimée lors d’un fait-divers, qui s’attaque aux forces de l’ordre et à deux journalistes couvrant la scène du crime. Une voix-off nous explique que ses images ont été récupérées brutes sur le web. Nous les reverrons par deux fois dans le reste du film : une première sur un écran d’ordinateur, dans la même version ; une seconde dans un montage visant à minimiser l’incident, diffusé cette fois à la télévision.
Est-ce à dire qu’internet montre une vérité que les médias traditionnels nous cachent ? La fiction de Diary of the dead tend à prouver le contraire : toute l’action y est filmée par des étudiants en cinéma qui tournaient un film d’horreur minable, d’autant plus naze qu’il est rattrapé par la réalité du cataclysme en cours : les morts reviennent à la vie. Il y a donc ceux qui tiennent les caméras (des ados stéréotypés), et celle qui monte les images (la copine de l’un d’entre eux, instance morale et conscience du film livrant au spectateur ses artifices — utilisation de la musique, provenance des diverses sources). Entre les deux, Romero questionne, avec une inégale finesse mais une très honnête frontalité, les nouveaux rapports entre médias et citoyens : de myspace à youtube, des caméras de surveillance publiques aux panic rooms domestiques, du voyeurisme ordinaire à la lâcheté en temps de guerre. Cette approche radicale tue un peu l’efficacité du film d’horreur, mais ce brûlot proche du Redacted de De Palma montre que le cinéma est capable de prendre du recul et même d’absorber son concurrent le plus direct et agressif : l’image pseudo-documentaire aux origines invérifiables…CCDiary of the deadDe George A. Romero (ÉU, 1h35) avec Michelle Morgan, Shawn Roberts…

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