Parce que l'Europe a connu des jours meilleurs, il est de bon ton de la célébrer pour réaffirmer les identités qui font sa force. Depuis cinq ans, Renaud Lescuyer, au sein d'Europe et cie, mène ce combat en faisant venir à Lyon des compagnies de théâtre des pays voisins de la France, à commencer par le plus vacillant et vaillant à la fois : la Grèce. Grâce à la collaboration du théâtre Liberté de Toulon et de son emblématique co-directeur Charles Berling (présent au festival), la pièce Pays Natal ouvre les festivités salle Rameau par le cri d'un peuple qui questionne avec cynisme la marche du monde.
Moins connus et exposés dans les media que les Hellènes, les Albanais sont aussi de la partie et ce n'est que justice tant ce pays est méconnu. Avec Apologie de Socrate, il sera possible d'entendre dans cette langue rare un texte... grec ! (celui de Platon). Les autres Européens malmenés du moment, les Portugais, sont pour la première fois au programme de ce festival avec là encore, un hommage à la Grèce via une variation sur Œdipe de Sophocle.
Plus habituée de ces rencontres théâtrales, la Pologne est de nouveau présente avec un hommage au peintre et poète Bruno Schulz à travers la pièce Histoire(s) d'une imagination vicieuse et le film de Wojciech Has, La Clepsydre. Plus franco-français est le Récital rêvé de Roland Monod. Le grand comédien, récemment à l'affiche de Ruy Blas dans une mise en scène de Christian Schiaretti, a conçu un hommage à Jean Vilar, dont il fut l'un des premiers membres de la troupe. Un bal, des débats sont également au cœur de ce festival qui, comme Sens interdits en octobre dernier, n'envisage la culture qu'avec des écoutilles grandes ouvertes vers l'extérieur.
Nadja Pobel
Festival Printemps d'Europe
Jusqu'au samedi 2 juin