Résistance artistique, pas de quoi en faire un plat

Expo / Annoncée comme emblématique de jeunes artistes résistant aux pouvoirs et aux normes dominants, la nouvelle exposition de l’IAC déçoit par sa complexité et son humour un peu dérisoire et facile… Jean-Emmanuel Denave

Nous étions soudain tel le gosse joufflu en bermuda attendant sa grosse crème glacée… Pensez, deux commissaires, Nathalie Ergino (directrice de l’IAC) et Joël Benzakin, qui nous promettaient une exposition rassemblant «des artistes qui s’opposent à l’art comme produit économique et qui ont la volonté de sortir du système, sous de nouvelles formes de résistance et d’engagement ; des artistes qui ne se laissent pas domestiquer» ! Quel critique d’art un peu lassé des expos bling bling, du tout à l’ego et des images à vendre, ne serait pas, à ses mots, parcouru d’un frisson ? Et n’irait pas, aussi, jusqu’à accepter ce titre un peu tordu de «Yes, we don’t» tout emberlificoté du «je préfèrerais ne pas» du Bartleby de Melville et du «Yes we can» d’Obama ? Mais d’emblée, le couple d’artistes Simona Denicolai & Ivo Provoost (mis en avant aux côtés du français Bernard Bazile comme chefs de file d’une nouvelle génération d’artistes activistes) va nous couper l’appétit. Leur Bientôt des ruines pittoresques diffuse des images de CNN en direct sur deux écrans, accompagnées d’une musique électro de leur choix. Ah oui, le grand village mondial, l’actualité immédiatement désuète et recyclée, le monument au petit écran, la dialectique du global et du local ! Terrain neutre, terrain de jeu
Après cette œuvre potache, il ne nous restera plus, ensuite, qu’à parcourir une exposition fourmillant d’installations ou dispositifs complexes, les yeux rivés au livret de présentation afin d’avoir une chance de les décrypter (saluons ici sans ironie, le travail de la rédactrice dudit livret, véritable planche de salut pour le visiteur plongé dans les ténèbres du sens). Bien sûr, dans la masse, on trouve quand même quelques œuvres plus intéressantes et moins alambiquées que la moyenne. Comme cette installation de Bazile ressemblant à une machine à sous de casino et qui montre, sur quatre écrans, différents chefs d’États dans des postures ou des occupations triviales semblables. On voit ainsi Hitler caressant ses chiens comme le fait Giscard, ou descendre d’un train de la même manière que Gandhi. C’est bien fait et amusant, mais l’œuvre place aussi, bon gré mal gré, toutes les valeurs politiques sur le même plan… Et très souvent cet écrasement au profit d’une recherche formelle, d’une blague ou d’un détournement ironique, se retrouve dans les œuvres exposées. C’est juste pour jouer donc.«Yes, we don’t»
À l’Institut d’Art Contemporain (Villeurbanne)
Jusqu’au dimanche 14 août

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