COMPILATION / Sanctuary/Pias
1986, année noire ? En France, une créature androgyne coiffée d'un ballet à chiottes hulule ses envies de Voyages, voyages. En Angleterre, le nain Somerville remue ses fesses en tête des charts sur Don't leave me this way. De cela, le New Musical Express, hebdo british inventeur du concept de «Meilleur groupe de rock du Monde de la semaine», n'a cure. Il sait, lui, que l'avenir se construit dans les marges du présent, et édite une cassette (en 86, la cassette c'est bath) baptisée C86, regroupant le meilleur d'une remarquable cuvée underground. Car en pleine dictature du synthé et de l'épaulette, de romantiques maigrichons en anorak ont pris les armes et, cachés derrière leurs mèches, mènent l'insurrection à coups de mélodies adhésives et de fulminations électriques. Nés de cette effervescence créatrice, une poignée de labels historiques (Creation, Sarah Records, 53rd & 3rd...) et de groupes importants (Primal Scream, The Wedding Present...) ouvrent à jamais les portes d'un univers parallèle : l'indie rock. Leurs enfants légitimes s'appellent My Bloody Valentine ou The Boo Radleys tandis qu'un peu plus à l'Ouest, le jeune Kurt Cobain et le bedonnant Black Francis piaffent de reprendre le flambeau, briquets en main. 20 ans après, alors que Desireless s'est rasée la tête et que Jimmy Somerville cachetonne à la Starac', le NME a la bonne idée de rééditer cette compilation (sous forme de CD, rassurez-vous) et réussit le tour de force de nous rendre nostalgique d'une époque qu'on ne regrette pas. SD
