Musique / 2006 restera dans les annales musicales comme l'année des premiers faux-pas d'un collectif jusqu'ici irréprochable. En effet, Anticon, qui a révolutionné les rapports entre le hip-hop et la pop en forçant l'un à faire exploser l'autre, semblait un peu au bout du rouleau, avec des sorties sans surprise et des expérimentations ratées (la plus spectaculaire étant celle qui unit le rappeur et producteur Alias à une chanteuse soul nommée Tarsier). Cela n'a cependant pas entaché la réputation de son chef de file, l'extraordinaire MC Adam Drucker, alias Doseone, son flow nasillard parfumé à la dynamite et ses textes à l'abstraction revendiquée mais aux visées clairement politiques. Généreux, Doseone aura créé quantité de groupes dont on ne sait trop s'ils existent encore ou s'ils sont seulement en sommeil (CLoudDead et Themselves, notamment) ; en tout cas, il semble aujourd'hui se consacrer à Subtle, probablement son projet le plus ambitieux. Ici, à part la production, plus rien ne sort de ces machines qui autrefois fournissaient la base musicale de tout morceau de hip-hop qui se respecte. Aucun beat, aucun sample à l'horizon, tout est joué live par des musiciens à la culture musicale éminemment large... Le recyclage d'hier laisse la place à une plus complexe digestionrégurgitation d'influences, pour des chansons aux structures labyrinthiques, dont on ne peut déceler le début et la fin que le nez sur l'affichage des pistes de la platine CD. Là où CLoudDead avait encore l'envie de respecter des formats, Subtle travaille à la disparition de tous les repères, obligeant l'auditeur à créer ses propres perspectives. Tout ici est fait pour instaurer une dynamique, une création d'énergie constante, à la limite de la rupture, mais finalement fascinante pour peu que l'on en accepte la règle : n'en avoir aucune.CCSubtleÀ la Marquise, le 20 novembre«For hero : for fool» (LexDiffer-ant)
