Musique / Country folk, scratchin'rock, rythm'n'blues blanc, au grand jeu des étiquettes White Hassle est un client pour le moins récalcitrant. Précurseur du blues punk façon Jon Spencer avec son combo originel Railroad Jerk, Marcellus Hall possède en effet plus d'une corde à son arc de songwriter. Sur Your language, 3e album du groupe, il musarde avec une décontraction réjouissante d'un rock chaloupé lardé de scratches (Your language, All the night long), à une ballade old school déchirante (Neon, not the night), en n'hésitant pas à emprunter des sentiers beaucoup plus pop (2 Fingers cross'd), voire carrément country (Halfway done with the tour, charmante vignette en forme de carnet de voyage). Quel que soit le registre, les compositions de Hall impressionnent par leur classicisme, au sens noble du terme. Pour preuve, la pétillante relecture d'un vieux standard d'Irving Berlin (You'd be surprised, en duo avec Ambrosia "Shivaree" Parsley) s'immisce tellement bien dans le paysage de l'album qu'on en vient à se dire qu'une anthologie de traditionnels US n'aurait pas une gueule bien différente de celle-là. Certains parlent des Stones du début et de leurs rythm'n'blues salace, on ne peut s'empêcher d'avoir une petite pensée pour les Violent Femmes, Cake ou les chevauchées logorrhéiques de Jonathan Richman et de ses Modern Lovers (une parenté assez criante sur Vodka talking). Pas forcément transcendante à la première écoute, la musique White Hassle se révèle infiniment attachante à mesure que l'on s'imprègne des histoires de loose magnifique qu'elle trimballe. Le meilleur exemple en est sans aucun doute le tubesque Star position dans lequel Hall surfe avec détachement sur les joies du célibat ("if you're single you can sleep in the star position") et la liberté qui va avec, sans pour autant tromper son monde sur ses profondes aspirations sentimentales. Quitte à ne plus prendre toute la place dans le lit...Emmanuel AlarcoWhite Hassle + Reverend Vince AndersonÀ la MarquiseMercredi 1er février
