Musique / D'un côté, la Ville de Lyon s'enorgueillit d'aider les musiques actuelles ; de l'autre, elle prépare l'expulsion des activistes underground du Grnd Zero. À la guerre comme à la guerre, pendant que ladite Ville se pare de ses plus beaux atours lumineux, ces fameux activistes invitent le 8 décembre l'irrécupérable Jean-Louis Costes à montrer son dernier opéra porno social. Costes, c'est l'homme qui met par son œuvre la démocratie française le nez dans le caca en lui infligeant le test ultime : jusqu'où peut-elle tolérer l'intolérable au nom de la liberté d'expression ? Rengaines fascisantes et racistes, obscénités sexuelles terminales, vulgarité scatologique : Costes assume l'inassumable, endosse le costume de la bête immonde, rue dans les brancards et viole les tabous, se mettant en danger physiquement, politiquement et moralement avec l'âme d'un punk anar et anal qui fait là où on ne lui a surtout pas dit de faire, et là où personne n'oserait faire à sa place. Des dizaines de CD en français, anglais, japonais et allemand, de la vidéo au kilomètre, des écrits à la verve délirante, des shows exhibitionnistes à déconseiller aux esprits prudes : la production de Costes est un continent farouchement rebelle qui a probablement infusé dans les consciences (il est un peu le père de la nouvelle chanson française subversive, même si Didier Super, à côté, c'est Les Choristes...) sans vraiment être reconnu à sa juste démesure. Il déclarait un jour, désabusé : "Avec toute cette réputation, c'est quand même pas normal d'être toujours autant dans la merde !". Car ceux qui se pencheront sérieusement sur son œuvre y découvriront, entre deux mises à l'air et déballages de tripes, quelques beaux morceaux de tendresse pudique. C'est connu : les grands provocateurs sont aussi de grands timides et de vrais sentimentaux. CCCostesÀ Grnd Zero le mercredi 8 décembre.www.costes.org
