Rock / Souvent encensée dans ces pages la musique de Selar n'avait encore jamais eu droit à un hommage digne de ce nom. Séance de rattrapage à l'occasion de la sortie de Burning ground, formidable troisième album du groupe. Emmanuel Alarco
Marseille, 1974. Naissance du petit Sébastien Goguey. Enfance ensoleillée à Carry le Rouet (tout près de l'Estaque) et, très tôt, premiers exploits, manche et cordes à la main... sur un court de tennis ! Fulgurante carrière démarrée à 6 ans, interrompue à 12, pour cause de fracassage de raquette à répétition, de syndrome McEnroe précoce. Au-delà de l'aspect folklorique de l'anecdote, il est amusant de confronter ce tempérament impétueux à la placidité qui est celle du garçon aujourd'hui. Une véritable force tranquille, à la scène comme à la ville, qui rend inconcevable cette fureur juvénile. Comme si, quelques années plus tard, le glissement du tamis à la six-cordes avait eu pour effet miraculeux de canaliser toutes les mauvaises énergies du minot, d'adoucir ses mœurs. Psychologie de bazar mise à part, il semblerait qu'en naissant à la musique à l'adolescence, Sébastien ait trouvé un équilibre, une hygiène de vie, dans laquelle la composition prendrait rapidement toute la place. Un artisanat folk pour lequel notre héros allait se révéler plutôt doué.Jeu collectifDisciple du Velvet Underground, de Dylan, de l'indie rock des années 90 (Pavement, Pixies, Sebadoh...), mais aussi du psychédélisme de Love ou des premiers Pink Floyd, Sébastien se met très vite à consigner des centaines d'idées sur 4-pistes, participe à différentes formations marseillaises, puis lyonnaises (il débarque en 99), avant de faire le pas du premier album suite à une rencontre avec Scalde qui, à l'aube de sa belle ascension de la scène pop locale (aujourd'hui nationale), l'enrôle pour tenir la basse à ses côtés. Encouragé et épaulé par son nouveau camarade de jeu (et quelques amis de la famille), le Marseillais devenu Selar décide de mettre ses pop songs à l'épreuve de la scène, tout en préparant son deuxième disque. New estates (2005), comme son nom l'indique, explore de nouveaux territoires, délaissant les accents "grandaddiesques" du galop d'essai pour arpenter des sentiers folk-rock évoquant souvent Loaded, le dernier album étonnamment ensoleillé du Velvet. C'est la naissance du son Selar. Ne reste alors qu'à trouver les équipiers fidèles qui emmèneront le projet plus loin et épargneront à Sébastien la routine de la composition en solitaire. D'ami d'ami en rencontre fortuite, la bande prend forme. Aujourd'hui, alors que sort Burning ground, aboutissement resplendissant des schémas esquissés précédemment, Selar est un groupe à part entière. Sébastien amène les chansons, mais chacun apporte ensuite sa pierre à l'édifice et pour tout dire, la bâtisse a fière allure. Sur scène, le frontman impressionne de plus en plus par son incontestable charisme de timide, tandis qu'à ses côtés, le groupe, solide et inspiré, en impose sacrément, tout en sobriété. Il y a quelques mois, dans un accès de lyrisme chronique nous qualifiions le quintette de "meilleur groupe du monde de Lyon". Nous persistons et signons.SelarAu SiriusMardi 26 septembre
