Musique / En ce début d'année, le froid n'a visiblement pas paralysé les programmateurs lyonnais. Car si c'est deuxième partie de saison n'offre pour l'instant rien de tape à l'œil, elle nous réserve quelques morceaux de choix. Sélection. Stéphane Duchêne
Pour beaucoup, l'événement de ce début d'année sera la venue des Babyshambles de Pete Doherty (le concert étant complet le jeu consiste à déterminer qui de Pete ou du Kao sera le plus plein). Pour les mêmes, ou leurs grands frères, ce sera les Charlatans, dignes seconds couteaux de la (vieille) folle Madchester. Pour leurs parents, Einsturzende Neubauten, princes du krautrock, exquise choucroute musicale venue d'Allemagne. Et pour tous, le gourou Bashung dont la venue majestueuse à l'Auditorium agite la promesse d'une messe ténébreuse et inoubliable. À l'image de ces quelques noms, c'est toute la saison qui oscillera entre raffinement pointu et efficacité comme en témoignent les venues des mythes électro Autechre et de l'ubiquiste crooner-pianiste-rapper-producteur-arrangeur-génie Gonzales, aussi habiles à enthousiasmer les musicologues qu'à agiter les foules. Tout aussi pointu, un copieux programme folk-pop capable d'engourdir d'aise toutes les oreilles, comme Tunng, grosse côté indé actuelle, forte d'albums imparables et du beau tube triste Bullets. Idaho, figure solitaire des indés US viendra démontrer que l'ennui est une bien belle poche de résistance, tandis que le trop rare Vic Chesnutt mettra en scène à l'Épicerie Moderne (qui a mitonné une saison du tonnerre) son très orageux et magistral album de copinage avec le label Constellation (qui nous envoie aussi Hrsta). Enfin, on aura le plaisir de retrouver les très classes norvégiens de Minor Majority. Boys in BelgiumPlus brut de décoffrage, les pétaradants Lords of Altamont ou The Editors seront le contre-exemple d'une saison plutôt douce en décibels. Il faudra donc se rabattre sur les massifs Slovènes de Laibach, ou quelques cossus concerts de Metal (Obituary, crème, très épaisse, du genre Death), pour s'offrir des acouphènes avant les festivals d'été. Côté Français, outre Bashung et l'éternel retour d'Étienne Daho (qui prouve que quand on perd ses cheveux la gomina n'est pas la solution), on se réjouit de ce qui sera sans doute le plus beau couple de ce début d'année avec la venue conjointe de Bertrand Betsch et Superflu, ce groupe Lillois indispensable qu'on avait totalement perdu de vue. Tout comme on jettera un œil curieux sur les très pro-américains, French Cowboys et Moriarty et sur l'Américano-parisienne Brisa Roché, également briseuse de cœur. Côté «cousins», le terrain sera notamment occupé par les mal nommés Girls in Hawaïï (qui sont en fait des «gars en Belgique»), l'une des raisons de conserver la Belgique en l'état, ainsi que par le symphonique québécois Pierre Lapointe et sa pop grandiloquente et chiadée. Cerise sur le gâteau, Architecture in Helsinki, collectif dansant venu d'Australie, est annoncé en juin par Grrrnd Zero, pour un chouette bouquet final.